Cité du Haut du Lièvre, Nancy

Le Haut du Lièvre est un quartier multiculturel du nord de Nancy dont on célèbre les cinquante ans. Son étude permet de lier l’histoire de l’immigration avec l’histoire d’un quartier qui ne tourne pas le dos à la diversité qui le constitue. Un lieu s’est imposé comme significatif de tous les parcours qui s’y croisent : le collège, qui rassemble des enfants de 27 nationalités…

Image
Cité du Haut du Lièvre, Nancy © Jérémie Maire
Cité du Haut du Lièvre, Nancy © Jérémie Maire
L’évolution du quartier du Haut-du-Lièvre de son origine (1956) à sa conception (dès 1958) caractérisée par une urbanisation massive, précurseur et moderne, et à sa rénovation dans les années 1980 en passant par l’afflux de populations immigrées à partir des années 70 en ont fait un lieu de mémoire des immigrations. D’abord lieu d’habitation de population française, il n’est pas un lieu de mémoire en tant que tel, du moins il ne s’affiche pas comme tel dans l’espace public. Il devient lieu de mémoire des immigrations à la fin des années 70 et au début des années 80 quand il accueille des familles issues de l’immigration qui s’y enracinent. Par l’intermédiaire de ce basculement, le quartier est devenu partie intégrante du patrimoine nancéien et lorrain, tant sa construction, sa morphologie, son histoire et son évolution témoignent des grands changements migratoires, sociaux économiques et urbanistiques du XXe siècle. D’autre part, si le projet du Haut-du-Lièvre fut souvent contesté, il n’en demeura pas moins un élément incontestable du dynamisme de Nancy et malgré son image ternie au fil des années, les populations qui y vivent s’y sentent bien et en sécurité. Quartier vivant et multiculturel, le Haut-du-Lièvre témoigne de la mixité sociale et de la mise en place progressive de sociabilités nées des vagues successives d’immigration.

Rappel historique

Quartier au Nord de la ville de Nancy, limitrophe des communes de Maxéville et Laxou, le Haut-du-Lièvre, est excentré par rapport au reste de la ville. Appelé ainsi en raison de la présence de lièvres sur la colline, il abrite pendant longtemps les carrières de l’entreprise Solvay. En 1956, dans un contexte de crise de logement à Nancy, on envisage son urbanisation par la construction de nouveaux logements. La municipalité, avec l’aide de l’Etat et l’Office des HLM, élabore le programme du Haut-du-Lièvre dont les travaux débutent en mars 1958 et durent jusqu’en 1971. Elle prévoit l’implantation de 3 388 logements, d’un quartier pavillonnaire, de deux centres commerciaux (Les Tamaris, les Ombelles), d’une église et d’équipements sportifs et culturels. Géographiquement, la cité prend racine sur le seul espace encore libre de Nancy : 36 hectares sur le plateau de Haye qui surplombent la ville de cent mètres. Le choix de cet emplacement a pour conséquence de rendre la barre omniprésente pour tous les Nancéens, et de lui conférer une dimension emblématique. Bernard Zehrfuss, architecte du Palais de l’UNESCO à Paris, est missionné sur ce projet qui prend la forme dès 1958 d’un grand ensemble tout en longueur formé de deux barres : le Cèdre bleu (400 mètres, 15 étages, 917 logements) et le Tilleul argenté (300 mètres, 17 étages et 716 logements).
Considérées alors comme les plus grandes “barres” d’Europe, elles sont aussi les plus longues de France. Cette nouvelle architecture inhabituelle, ultra-moderne et imposante est bien accueillie par les jeunes. En 1966, le quartier compte 16 000 habitants et accueille des familles relativement aisées, et des étudiants. Ces barres sont complétées par trois Tours en Etoile aux extrémités, puis, en 1971, par la Tour Panoramique des Aulnes.

Image
Cité du Haut du Lièvre, Nancy © Jérémie Maire
Cité du Haut du Lièvre, Nancy © Jérémie Maire

Dès les années 1970, le quartier perd de son attractivité et voit sa mixité sociale s’amenuiser : les classes moyennes accèdent à la propriété privée et sont remplacées par des familles pauvres. La crise sociale à partir du milieu des années 1970 voit l’afflux de populations immigrées dans ce quartier. Cette évolution, d’une population née en France qui échappe ainsi à la crise du logement à une population immigrée à partir des années 80, est emblématique de la politique des grands ensemble des Trente glorieuses et des années de crise et non spécifiques à Nancy. Rapidement émergent des sentiments d’exclusion. Par la suite, la situation s’aggrave : le quartier se dépeuple et en 1980, 800 logements sont vacants. Entre 1981 et 1988, est entrepris un programme de réhabilitation mené par l’architecte Alain Sarfati, afin de mieux relier ce quartier au centre-ville de Nancy, d’améliorer les conditions de vie et de travail des habitants. Une mairie-annexe, un bureau de poste, un commissariat sont également créés afin de développer la qualité des services et des équipements.

À écouter, en partenariat avec l'Epra

Situé sur les hauteurs de Nancy, le quartier du Haut du Lièvre fut longtemps connu pour posséder les deux plus longs bâtiments d'Europe. Quartier dit “sensible”, il est aujourd’hui en complète rénovation. En dépit de sa mauvaise réputation, le Haut du Lièvre est un quartier dynamique et chaleureux, un quartier où il fait bon vivre.
Stéphane Mineot, Radio Campus Dijon
En partenariat avec l'Epra

jep_2009_nancy.mp3
Fichier audio

Écouter (23min02)
Podcast

Programmation

  • Organisation : Conseil général de Meurthe et Moselle
  • Date-Horaires : samedi 19 septembre Débat : samedi 19 septembre de 10h à 12h
  • Lieu-Accès : Collège Claude Le Lorrain, place Alain Fournier, 54100 Nancy
  • Nature de la manifestation : expositions, tables rondes ouvertes à tous (avec chercheurs spécialisés dans l’étude des migrations, témoins, élèves, parents d’élève, enseignants, élus). Débat sur l’institution scolaire et l’histoire de l’immigration en France
  • Contact : 03 83 96 69 31