Le quartier de la Guillotière de Lyon

Les Journées Européennes du Patrimoine 2009 vont être l’occasion de valoriser le patrimoine immatériel d’un quartier "cosmopolite" de centre ville de Lyon, la Guillotière. Elles sont envisagées comme un moyen de mettre en commun, de valoriser une série de patrimoines liés à l’immigration (matériels et immatériels) repérés par une diversité d’acteurs du quartier. En effet, espace de réception des vagues successives d’immigration, la Guillotière se présente ainsi comme un espace de conjonction, de ritualité minoritaire à l’échelle de la ville, se composant d’une quantité de micro-lieux (tels que les commerces “ethniques”). Un intérêt patrimonial est ainsi porté à des lieux ancrés dans la mémoire du quartier, voire de l’agglomération mais aussi à ses pratiques culturelles variées, emblématique de son cosmopolitisme.

Rappel historique

Quartier le plus ancien de la rive gauche du Rhône, le quartier de la Guillotière s’est développé durant le Moyen-Âge à partir du pont du Rhône, dit pont de la Guillotière, jusqu’à la route qui mène de Lyon à l’Italie en passant par la place du Pont, aujourd’hui place Gabriel Péri. D’abord faubourg de cabaretiers et d’aubergistes dont la juridiction est disputée entre le Lyonnais et le Dauphiné, le quartier ne constitue pendant longtemps qu’un avant-poste dauphinois de Lyon. À la Révolution Française, il est inclus dans le département de l’Isère puis celui du Rhône. En 1852, il est rattaché à la commune de Lyon, où il forme le 3ème arrondissement. Sous le Second Empire et jusqu’à la IIIème République sa population augmente considérablement. Aujourd’hui, il réunit la moitié nord du 7ème arrondissement et le sud-ouest du 3ème arrondissement.

C’est le pont de la Guillotière qui permet le développement du quartier au XIXe siècle, car il est alors le seul pont rhodanien de Lyon. Unique passage vers la partie Est de la ville, il constitue en quelque sorte sa seule porte d’entrée. Le quartier devient ainsi un important foyer d’accueil, où transitent de nombreux voyageurs. Le quartier gagne là sa vocation de territoire d’accueil populaire et commerçant, qui dure jusqu’à aujourd’hui. Fin XIXème siècle, les migrations sont d’ordre régional dans le quartier de la Guillotière : Ardéchois et paysans limousins se dirigent chaque printemps vers les chantiers de maçonnerie de Lyon pour y travailler. Puis, à la fin du XIXème siècle, arrivent les Italiens puis dès l’entre-deux-guerres, des Grecs, des Arméniens, des Juifs ashkénaze, des Maghrébins et des Espagnols. Pendant la période dite des “Trente Glorieuses”, ce sont surtout des Maghrébins qui s’établissent dans le quartier de la Guillotière. Dans les années 80, 90, c’est au tour des réfugiés d’Asie du Sud-Est, des Turcs et des Africains “sub-sahéliens” de s’y installer. Enfin, beaucoup de migrants n’habitent pas à la Guillotière mais s’y rencontrent ou y tiennent un commerce, pour les premiers, il s’agit des Chibanis ou “hommes debout” et des Roms d’Europe de l’Est, pour les seconds, d’Indiens, de Turcs.

Le quartier s’est donc construit au gré des vagues successives d’immigration, qui lui ont donné son identité. Une identité parfois marquée par les conflits communautaires et la violence : au début du XXe siècle, le quartier est appelé le “Triangle du crime”. Les réhabilitations des années 1990 ont profondément modifié son visage. Les immigrés en ont été progressivement “chassés”. La Guillotière a perdu son image multiethnique et sa vocation de terre d’immigration, au profit des classes moyennes des périphéries, qui retournent aujourd’hui en centre-ville.

À écouter, en partenariat avec l'Epra

Collectage à La Guillotière

Depuis vingt ans, le Centre des musiques traditionnelles Rhône-Alpes (CMTRA) collecte en Région, le patrimoine des musiques en voie de disparition. Depuis une dizaine d'années, ce collectage s'effectue en ville, à Lyon, et a rencontré le patrimoine de l'immigration. Le CMTRA vient de sortir un livre CD/DVD sur le quartier de La Guillotière mettant en relief le patrimoine métissé de ce quartier. Interview de la chargée de projet, du directeur et du président du CMTRA.
Bernard Dautant, RCT
En partenariat avec l'Epra

jep_2009_lyon.mp3
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Écouter (20min06)
Podcast

Programmation

  • Organisation : Traces-Aralis
  • Samedi 19 septembre
    Traces-Aralis : «A la rencontre des patrimoines immatériels de l'immigration», déambulation sonore à la Guillotière : parcours en autonomie,
    20h : parcours festif dans des lieux vivants du quartier
    Banlieues d'Europe : 20h30, projection en plein air sur le thème de la diversité culturelle en Europe
  • Samedi 19 et dimanche 20 septembre 2009
    Bar "De l'autre côté du pont" : exposition Une place, un pont, la place du pont de Yves Neyrolles
    Palais de la Mutualité : de 10h à 12h, « La Guillotière, quand le patrimoine rencontre l’immigration »,visites du quartier organisées par le Musée Gadagne (sur réservation)
  • Dimanche 20 septembre, de 11h à 17
    Ilôt d'Amarante : Repas de quartier/Foire aux sons
    Des informations complémentaires sur cette programmation sont disponibles sur le site [www.traces-aralis.org].