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Les jours d’avant

Algérie, 1994. Dans une cité ouvrière assoupie au sud de la capitale, Djaber et Yamina fréquentent le lycée local. Lui sans grande conviction (« Ce que je voulais faire de ma vie, je n’en avais pas la moindre idée »), elle avec détermination.

Autour d’eux, on assassine, parfois au grand jour, et cette violence de plus en plus prégnante va les séparer à jamais sans qu’ils aient eu seulement le temps de se parler. Le récit est ainsi divisé en deux parties, présentant le point de vue du garçon, puis de la jeune fille, qui racontent tour à tour au spectateur ce qu'ils n'ont pu se dire l'un à l'autre.
Dans ce film délicat et limpide, son premier "long", Karim Moussaoui parvient à transmettre avec une remarquable économie de moyens les déchirements de sa jeunesse empêchée par la guerre civile, mais aussi par la sclérose d'une société bardée d'interdits. Il filme avec la même poésie le visage émouvant de ses jeunes interprètes, les rues désertées sous les eucalyptus ou le ciel changeant, pour peindre la solitude et le vide, la violence sourde qui semble frapper au hasard, l'ardent désir de vivre. Une justesse, une pudeur et une mélancolie qui résonnent longtemps après le noir du générique.

Irène Berelowitch
 

Les jours d’avant
Moyen métrage de Karim Moussaoui (France/Algérie, 2013, 47mn)
Avec Mehdi Ramdani, Souhila Mallem
Grand prix du jury et prix d’interprétation féminine dans la catégorie "Courts métrages", Festival Premiers Plans d’Angers 2014