Louis Bouquet

La fresque qui décore le salon Afrique, situé à l’angle sud-ouest du hall d’honneur, a été réalisée par le peintre lyonnais Louis Bouquet (1885-1952), qui a voulu y illustrer les apports culturels et intellectuels de l'Afrique.

Né le 6 décembre 1885 et mort le 25 février 1952 à Lyon, Louis Bouquet est élève à l’École des beaux-arts de Lyon partir de 1903. Lauréat du Prix de Paris en 1907, il intègre l’atelier du peintre Fernand Cormon à l’École des Beaux-Arts de Paris. Au cours de ses années d’études, il se lie d’amitié avec le sculpteur Alfred Janniot. Mais ce sont ses rencontres avec les artistes Joseph Bernard et Marcel-Lenoir qui vont le marquer profondément. Il emprunte au premier la représentation de figures féminines puissantes et au second une attention portée au dessin et à la ligne.

En 1911, il collabore avec Maurice Denis pour le décor L’Âge d’or de l’escalier de l’hôtel du prince Wagram à Paris et pour la décoration du plafond du Théâtre des Champs-Élysées en 1912. C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance de sa future épouse Jeanne-Marie dos Santos, élève de Denis. Les peintures sur toile Pietà (1911) et Orante (1912) révèlent l’influence de Denis sur Bouquet : les figures sont simplifiées à l’extrême et la dimension décorative est affirmée par les aplats de couleurs et les contours accentués. Il collabore une nouvelle fois avec Maurice Denis en 1915 pour les décors de l’église Saint-Paul, près de Genève.

La gravure sur bois comme moyen d’expression privilégié

Non mobilisé durant la Première guerre mondiale pour des raisons de santé, Bouquet publie en 1917 Le livre de ceux qui sont restés, contenant 9 gravures sur bois légendées. Remise au goût du jour par Paul Gauguin à la fin du XIXe siècle, la gravure sur bois devient au sortir de la guerre un moyen d’expression privilégié par Bouquet. Si le nu féminin au cadrage serré constitue son sujet de prédilection, Bouquet illustre également grâce à cette technique des ouvrages religieux et poétiques pour les éditions de La Sirène.

À la mort de son épouse en 1919, Bouquet voyage en Tunisie, ce qui lui permet d’enrichir sa palette de couleurs. En 1920, il participe à la première exposition du groupe d’artistes des Ziniars, dont il est l’un des membres fondateurs, à la galerie Saint-Pierre d’Alfred Poyet à Lyon. Au Salon d’automne de 1921, Bouquet présente la peinture Tristan et Iseult, considérée comme l’un de ses chefs-d’œuvre. Il se marie l’année suivante avec la sœur de son épouse décédée, Madeleine dos Santos. Entre 1922 à 1923, il expose aux côtés d’Henri le Fauconnier à Lyon et propose deux expositions personnelles à la galerie parisienne Billiet.

Une initiation aux Arts déco

Louis Bouquet s’initie également à cette période aux arts décoratifs. Pour la deuxième exposition organisée par la revue La Douce France à la galerie Barbazanges en mai 1923, il expose un ensemble d’œuvres variées, comprenant un panneau décoratif, un carton de tapisserie, un carton de vitrail et une mosaïque. En 1925, il est membre du comité d’admission de l’Exposition internationale des Arts déco, où il participe à la décoration picturale du pavillon Studium Louvre construit par Albert Laprade pour les Grands Magasins du Louvre. Il postule en 1929 au poste de professeur de composition décorative à l’École des Beaux-Arts du Caire.

Recommandé par l’architecte Tony Garnier et son ami Janniot, Bouquet est sollicité par Laprade pour réaliser la fresque du salon de l’Afrique au sein du Musée permanent des colonies. Bouquet s’est familiarisé avec la technique de la fresque auprès de Marcel-Lenoir et a pu aussi observer le savoir-faire de Bourdelle au moment des travaux du Théâtre des Champs-Élysées.

Image
Salon Afrique
Fresque de Louis Bouquet dans le salon Afrique
© Palais de la Porte Dorée
Image
Fresque de Louis Bouquet dans le salon Afrique
Fresque de Louis Bouquet dans le salon Afrique
© Palais de la Porte Dorée

En 1933, il retrouve la plupart des artistes du musée pour la décoration de l’escalier d’honneur du nouvel hôtel de ville de Puteaux. De 1933 à 1934, il réalise une partie des fresques de l’église du Saint-Esprit de Paris, bâtie en béton armé par Paul Tournon, dans ce qui constitue le programme pictural le plus important de l’entre-deux-guerres en France.

Une multiplication de supports et de collaborations

Outre ses décors muraux, Bouquet consacre une part importante de son activité à l’art du portrait. Tout au long de sa carrière, Bouquet peint ainsi de nombreux portraits de sa famille et de ses proches, à travers lesquels se manifeste un souci de réalisme. À l’issue des travaux du Musée des colonies, Bouquet réalise par exemple un portrait collectif de Laprade entouré de ses collaborateurs, au nombre desquels il s’inclut, devant le bâtiment. Il participe aussi aux expositions Le Retour au sujet (1934) et Le réalisme et la peinture (1936) organisées par la galerie Billiet-Vorms.

Entre 1935 et 1950, Bouquet multiplie les collaborations avec l’architecte Michel Roux-Spitz. Il réalise ainsi les décors de son appartement parisien rue Littolf, la vaste fresque du hall d’accueil de l’hôtel des Postes de Lyon, ainsi que les fresques Les Éléments, les Sciences et les Arts de l’école technique de Limoges et Le Voyage de l’homme en blanc pour sa villa de Dinard.

La période d’après-guerre s’avère toutefois difficile pour Bouquet, qui peine à obtenir des commandes. En 1948, il accepte à contre-cœur le modeste chantier de restauration de l’église Saint-Pierre du Petit-Montrouge à Paris. Il parvient néanmoins à décrocher la commande de décoration du plafond de l’atrium de la salle Molière à Lyon. Victime d’une crise cardiaque sur le chantier en juillet 1951, Bouquet laisse son œuvre Le Triomphe de Pégase inachevée. Le peintre meurt quelques mois plus tard à l’île Barbe, où se trouve son atelier.