Polisse

D’une longue immersion dans l’action et les locaux d’une équipe de la BPM (brigade de protection des mineurs), et avec la collaboration active de son amie et comédienne Emmanuelle Bercot, elle a ramené assez d’éléments, anecdotes et personnages, pour construire les diverses séquences qui vont s’entrechoquer dans son panorama du quotidien. Les affaires sordides se succèdent qui mettent l’enfance et l’adolescence en danger, qui menacent l’ordre public, qui envahissent la vie privée.
Ce travail d’enquêtes segmentées, ces intrusions de la vie privée dans la fonction publique, ces protagonistes qui franchissent les lignes et brouillent les repères. On pourrait se croire dans une série télé en prime time. "Ce n’est pas que ça !" a-t-on envie de répliquer à la suite de Fred (un Joey Starr écorché qui trouve une juste place dans une interprétation chorale sans fausse note).
Il y a un regard décapant sur la misère humaine, sans compassion geignarde, avec de furieux éclats de rire et des engueulades qui remettent à la bonne distance, retrouvent le bon angle, au point de rendre superflu le troisième œil, comme une caméra de surveillance, que s’est attribué Maiwen (Mélissa) et qui n’est pas la meilleure idée du film. Elle va d’ailleurs l’abandonner, un peu godiche, pour privilégier ses déboires sentimentaux. Après tout, le reportage photographique était un projet du ministère de l’Intérieur.
Le film n’a pas besoin d’excuse. Il nous a bien plu et public et critiques (à deux exceptions notoires près) lui font un succès remarquable. Dernier atout, on l’a dit : l’interprétation. Chacun pourra, à sa guise, décerner des galons à sa brigade. De Karin Viard à Marina Fois, de Karole Rocher à Sandrine Kiberlain, de Nicolas Duvauchelle à Jérémy Elkaim… J’en oublie. Oui. Par exemple l’excellente Maidra Ayadi.

André Videau