Les adolescents étrangers sont-ils aussi des enfants à protéger ?
Entre compassion et méfiance, contrôle, protection ou exclusion, le sort des mineurs non accompagnés interroge notre rapport à l'adolescence et à l’étranger. Regards historiques et contemporains se croisent pour comprendre les défis que rencontrent ces jeunes et les professionnels qui les prennent en charge.
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© Jean Edouardo Gonçalves
Ils arrivent seuls, venus d’ailleurs, et sont classés dans la catégorie des « mineurs non accompagnés ». Entre logique de contrôle migratoire et impératif de protection, leur prise en charge en France révèle une tension profonde : celle qui entoure la frontière mouvante entre enfance et âge adulte.
Car si l’enfance suscite la compassion, l’adolescence inspire plus souvent la méfiance — surtout lorsqu’elle est étrangère, rebelle, parfois violente. Devrait-on alors renoncer à protéger ceux qui inquiètent ? Que nous apprend l’histoire du consensus humanitaire qui s’est construit autour de la prise en charge des jeunes et de ses fragilités ?
En croisant regards d’historiens, de sociologues, d’acteurs de terrain, cette rencontre interroge nos représentations : qu’est-ce qu’un enfant à protéger, un adolescent à encadrer ? A quels défis sont confrontés les professionnels qui les accompagnent ? Elle sera aussi l’occasion d’entendre la voix de ces adolescents, leur parcours, leurs espoirs.
Avec :
Yasmine Bouagga, chargée de recherche en sciences sociales au CNRS, rattachée au laboratoire Triangle de Lyon. Elle a coordonné le programme de recherche-action MINA93 au sein de l'Institut Convergence Migration. Ce programme a étudié la prise en charge des mineurs non accompagnés dans le département de la Seine-Saint-Denis et a abouti à la publication de l'ouvrage collectif Protection de l'enfance et jeunes en migration (2025, Presses de l'Université de Vincennes).
Mathias Gardet, historien, chercheur à l’Institut d’histoire du temps présent. Ses recherches portent sur les politiques sociales à l’égard de l’enfance et de la jeunesse. Il est concepteur et responsable du centre d’exposition historique Enfants en Justice à Savigny-sur-Orge, et du portail de ressources numériques associé. Il a publié Nous sommes venus en France, Voix de jeunes Algériens, 1945-1963 (Anamosa, 2024), grand prix du livre des Journées de l’histoire de l’Institut du monde arabe.
Célia Keren, historienne, maîtresse de conférences à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Elle travaille sur l’histoire des déplacements d’enfants en temps de guerre. Elle a coédité Ma vie en France. Cahier d’exil d’une adolescente espagnole (1939-1943) d’Aurélia Moyà-Freire (PUM, 2017) et elle a publié La Cause des enfants, Humanitaire et politique pendant la guerre d’Espagne (Anamosa, 2025).
Rencontre animée par Mattéo Caranta, journaliste.
