La Maison russe

À Sainte-Geneviève-des-Bois en Essonne, la Maison russe est un lieu de mémoire privilégié de l'immigration russe. À proximité, le carré orthodoxe du cimetière municipal témoigne des générations successives qui y ont séjourné.

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Maison russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Carte postale © DR
Maison russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Carte postale © DR

La Maison russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, près de Paris, constitue l’un des lieux emblématiques de l’histoire de l’immigration russe en France. D’abord réservée aux réfugiés russes, elle est actuellement une maison de retraite ouverte aux personnes âgées de toutes les nationalités, qui, dans le cadre d’une association de loi 1901, cherche également à préserver la tradition et l'histoire de ce lieu.

Les origines de la Maison russe

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Passeport Nansen de la princesse Vera Mestchersky, 1947, Russie, Dépôt de Pierre Mestchersky
© EPPPD - MNHI

La genèse de la Maison est liée à la princesse Vera Mestchersky, fille d’un ambassadeur de Russie ayant fui le pays après la Révolution bolchevique de 1917. Immigrée en France, la princesse crée d’abord une école pour « jeunes filles du monde ». Parmi ses élèves, l’Anglaise Miss Dorothy Paget se prend d’amitié pour elle et lui offre le château de la Cossonnerie, où Vera Mestchersky fonde en 1927 la Maison russe.

Parmi les dépôts de la Maison russe au Musée national de l'histoire de l'immigration, le passeport Nansen de la princesse Vera Mestchersky est un témoin du dispositif mis en place dans l'entre-deux-guerres par la Société des Nations pour les apatrides.
En savoir plus sur le passeport Nansen.

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Portrait de groupe des résidents, 1928. Dépôt association Maison russe © Musée nationale de l'histoire de l'immigration
Portrait de groupe des résidents, 1928. Dépôt association Maison russe © Musée nationale de l'histoire de l'immigration

D’abord refuge pour des Russes blancs ayant parcouru des chemins parfois tortueux avant de s’installer en France, la Maison se transforme rapidement en lieu d’asile, permanent ou temporaire, pour nombre de dissidents du régime soviétique. Parmi les personnalités ayant visité la Maison russe figure l’écrivain Alexandre Soljenitsyne, venu interviewer des officiers pour son livre Août 14.

Un lieu d'asile et de préservation de la culture russe

La princesse Mestchersky souhaite offrir un espace de vie préservé à ses compatriotes déracinés par leur installation en France. La pratique de la langue maternelle, de la religion orthodoxe, les repas et la musique russes permettent aux résidents de renouer avec les habitudes laissées en Russie.

"L'idée de la Princesse Mestchersky est incontestablement celle-là : adoucir le sort d'une population dans un état d'épuisement moral total." Nicolas de Boishue, directeur de la Maison russe, petit-neveu de la princesse Vera Mestchersky

Le cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois

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Brochure de présentation de la Maison Russe. 1927. Dépôt association Maison russe © Musée nationale de l'histoire de l'immigration
Brochure de présentation de la Maison Russe. 1927. Dépôt association Maison russe © Musée nationale de l'histoire de l'immigration

Les premiers pensionnaires décédés de la Maison russe ont été enterrés dans l’ancien cimetière communal de Sainte-Geneviève-des-Bois. Ce dernier s’est ouvert par la suite aux personnes d'origine russe décédées dans toute la région parisienne, et aussi en province, voire à l’étranger. À ce jour, environ 10 000 personnes y reposent, faisant de ce cimetière la plus grande nécropole russe en dehors de Russie. Espace de prière et de recueillement, lieu de mémoire de l’immigration russe en France, le cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois est également un endroit très visité par des gens de toute origine, désireux de saluer les grands noms de la culture russe.

Nicolas et Jean de Boishue reviennent sur les origines de la création de la Maison russe par Vera Mestchersky.

Montage sonore réalisé par Catherine Guilyardi
Fichier audio

Après de nombreuses recherches dans les archives de la Maison russe, le Musée national de l'histoire de l'immigration a sélectionné plusieurs objets et documents qui forment une vitrine entière de l'exposition permanente Repères. Un diagnostic des archives a été réalisé par l'association Génériques, qui reconnaît “la richesse exceptionnelle” du fonds de la Maison russe. Afin d'aboutir à une valorisation de ce lieu, des groupes de travail ont été montés avec des partenaires locaux (société d'histoire locale, Ville de Sainte-Geneviève-des-Bois), des partenaires nationaux (Musée national de l'histoire de l'immigration, association Génériques…) et des partenaires internationaux.