Mohamed Mbougar Sarr, résident littéraire 2019

Vivre entre les langues

Le Musée national de l’histoire de l’immigration a été sollicité en juin 2018 par Mohamed Mbougar Sarr pour élaborer un nouveau projet de résidence d’écrivain. Le Musée lui a décerné, en avril 2018, le Prix littéraire de la Porte Dorée pour son ouvrage Le Silence du chœur paru aux éditions Présence Africaine.

Biographie de l’auteur

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Mohamed Mbougar Sarr
Mohamed Mbougar Sarr. Photo : Cyril Zannettacci. © Palais de la Porte Dorée

Né au Sénégal à Diourbel en 1990, Mohamed Mbougar Sarr grandit dans une famille de sept garçons. A partir de 2002, il entame ses études au Prytanée militaire de Saint-Louis du Sénégal, puis il arrive en France, intègre les classes préparatoires du lycée Pierre-d’Ailly de Compiègne puis poursuit à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il publie son premier roman Terre ceinte en 2014, lequel reçoit le prix Ahamdou-Kourouma au salon du livre de Genève en 2015 puis le Grand Prix du Roman métis de Saint-Denis à la Réunion et le prix du roman métis des lycéens.

Son second roman Silence du choeur est publié en 2017, et reçoit de nombreux prix - le prix littérature monde du festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo en 2018, le prix du roman métis des lecteurs de la ville de Saint-Denis, et le prix littéraire du Palais de la Porte Dorée. Son dernier roman en date, De Purs hommes, voit le jour en 2018. Mohamed Mbougar Sarr est aussi plus récemment l'un des dix co-auteurs de l'ouvrage collectif Politisez-vous !.

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Portrait de Lamine Gaye, lecture de son texte écrit dans le cadre de l'atelier organisé par Mohamed Mbougar Sarr © Marjolaine Grandjean, remue.net

Les ateliers et activités

Rencontre avec le Centre Alpha Choisy : le Centre du 13ème arrondissement accompagne toute personne dans l'apprentissage de la langue française, afin d'assurer une autonomie socio-professionnelle à chacun et chacune. Entre mai et juillet 2019, tous les mardis, Mohamed Mbougar Sarr et les participants (accompagnés de leur formatrice)  se sont retrouvés pour travailler à l’écriture de textes autour de mots que les réfugiés avaient choisis ; des mots qui comptaient pour eux.

De ces mots, sont nées plusieurs propositions, d’abord en français, ensuite dans une des langues nationales que chacun de ces réfugiés portait aussi.

Ajantha, arrivée du Sri Lanka où elle enseignait l'anglais et en France depuis 2 ans, lit le texte qu'elle a écrit dans le cadre de ces ateliers d'écriture.  

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Mohamed Mbougar Sarr en parle

"Cette résidence d’écriture s’achève donc et je n’aime pas l’idée d’en dresser un bilan. Cependant, cette année de travail au Musée national de l’histoire de l’immigration a été si riche de collaborations, de rencontres, d’interventions diverses, et si féconde dans ma réflexion littéraire personnelle, qu’elle commande que j’y revienne. Je voudrais donner à lire les textes des ateliers que j’ai animés ici avec deux groupes de réfugiés, pour la plupart primo-arrivants ; ils constituent ma plus grande fierté de cette année. Mais auparavant, j’aimerais dire ceci.

La sensibilité des questions politiques posées par ce Musée, par son existence même, représente aussi sa plus grande force. À ma modeste échelle, que ce soit au sein d’ateliers d’écriture, lors de rencontres, au cours d’une exposition ou dans les pages de cette revue, j’ai pu constater en ce lieu, et sur des questions aussi complexes que la mémoire coloniale, les politiques en matière d’immigration, la crise de l’accueil, la possibilité d’un débat réel, où l’expertise s’accompagne toujours de l’expérience. Ces sujets de société sont clivants. Il n’appartient certes pas au Musée de les résoudre. Mais il peut être, si telle est sa volonté, un des quelques lieux qui les posent en toute complexité, en toute légitimité et, surtout, avec courage. Et c’est toujours vers ce qui en appelle à notre courage, à la noblesse de notre courage, qu’il faut aller.

Sur toutes les questions qui animent la vie intellectuelle et politique du Musée, la littérature a quelque chose à dire qu’elle seule peut dire. C’est cette conviction qui m’a guidé lors de toutes mes activités ici : lors d’ateliers animés pour des groupes de réfugiés ou des publics d’étudiants et d’enseignants, lors de rencontres littéraires avec des écrivains ou des lycéens, lors de panels, lors d’une séance d’échanges avec les membres du comité de lecture du Prix littéraire de la Porte Dorée.

Enfin, je suis heureux d’avoir pu mener cette résidence d’écriture en ce lieu. J’espère en tirer un livre à la hauteur. Son écriture, patiemment, continue. Merci à toutes les personnes du musée (ou en collaboration avec lui) qui m’ont accueilli, et qui ont nourri, facilité, stimulé mon travail. Elles sont nombreuses et mériteraient toutes une mention. Mais, comme on dit en wolof, « ku limm faté » (« qui veut faire une liste s’expose à l’oubli »). Qu’on me permette donc, en n’oubliant personne, de n’en citer qu’une seule, en blessant sa modestie : merci Marie.

Je veux aussi souhaiter une excellente année à Kidi Bebey, la prochaine résidente, que j’admire comme personne et comme écrivain. Elle fera assurément de merveilleuses choses. Merci à toutes et à tous. Courage à toutes et à tous. À bientôt."

En savoir plus sur Mohamed Mbougar Sarr et sa résidence :

  • Mohamed Mbougar Sarr revient sur sa résidence dans « Quelques réflexions d’un ancien résident », dans la revue Hommes & Migrations en 2020 : Voir l'article
  • Découvrir tous les récits de l'atelier avec le Centre Alpha Choisy, sur remue.net : voir l'article
  • Rencontre avec Mohamed Mbougar Sarr, à l'occasion du Prix littéraire du Palais de la Porte Dorée qui lui est décerné en 2018 : Voir l'entretien