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Le compromis républicain 1914-1945
Les identités religieuses se diversifient avec l’origine des migrants. Les immigrés catholiques, Polonais et Italiens en tête, largement encadrés par leurs missions nationales, continuent d’amener des pratiques qui surprennent ou heurtent les Français. Mais la République laïque se fait moins militante. Les relations entre l’Église catholique de France et les missions étrangères s’institutionnalisent.
La Première Guerre mondiale
La mobilisation de soldats coloniaux, notamment musulmans, conduit l’armée française à se préoccuper de pratiques religieuses différentes. Les fêtes traditionnelles et les rites particuliers sont respectés. Des salles de prières sont aménagées. Dans les cimetières, le regroupement des tombes est toléré.
L'entre-deux-guerres
Une autre manière d’être catholique ?
Polonais et Italiens se distinguent par leurs pratiques spectaculaires. Par ailleurs, l’obstacle de la langue éloigne les immigrés catholiques de la messe en partie célébrée en français et de la confession. Pour les accompagner, l’Église de France crée, en 1922, l’administration diocésaine des étrangers dirigée par Monseigneur Chaptal, mais les fidèles préfèrent s’en remettre aux prêtres de leur pays. L’influence de ces derniers aide à la cohésion du groupe et alimente souvent le nationalisme, notamment chez les fidèles italiens et polonais.
La Mission polonaise
Implantée à Paris depuis 1836, elle fait venir de nombreux prêtres au lendemain de la guerre pour encadrer les nouveaux venus. Dans certains cas, leur voyage est payé par l’employeur français qui se charge également de leur entretien. Les Polonais vont à l’église le jour où officie l’aumônier polonais, placé sous l’autorité du curé français.
La chapelle Sainte-Thérèse-de-Jésus
Située au cœur de la Petite Espagne, dans la banlieue nord de Paris, elle est consacrée en 1923. La paroisse de langue espagnole cherche à maintenir les ouvriers espagnols dans la foi catholique. Les prêtres dispensent les principaux sacrements et apportent aux migrants un accompagnement social.
Russes et Arméniens
Avec l’arrivée de nombreux réfugiés russes et arméniens, d’autres formes de christianisme s’implantent en France : l’Église orthodoxe des Russes, la religion apostolique des Arméniens. L’une et l’autre tiennent un rôle essentiel dans l’animation de la vie communautaire pour des migrants coupés de leurs pays d’origine, sans espoir de retour. Les lieux de culte servent à célébrer les fêtes et les cérémonies, mais ils sont aussi au cœur des sociabilités et de la vie associative.
La République et l’islam
Financée par l’État, construite sur un terrain de la Ville de Paris, la première mosquée de métropole est inaugurée à Paris en 1926, en hommage aux soldats coloniaux de la Grande guerre. En 1935, l’hôpital franco-musulman ouvre ses portes à Bobigny. Réservé aux migrants coloniaux venus d’Algérie, son organisation prend en compte les traditions et rites religieux. Deux ans plus tard, le cimetière musulman est inauguré dans la même ville, avec un lieu de culte. Le paternalisme colonial croise ici la volonté de tenir à l’écart et de surveiller les migrants.
L’immigration juive
Une nouvelle immigration juive d’Europe centrale et orientale rejoint la minorité déjà installée et contribue à animer la vie communautaire. Par ailleurs, dès les années 1920, des juifs de l’ex-Empire ottoman arrivent en France, en partie grâce aux liens créés avec les écoles de l’Alliance Israélite Universelle.
L'exception de l'Occupation
La répression contre les Juifs s’accompagne de destructions et de profanations de synagogues. Mais les pratiques parviennent à se maintenir, même dans les conditions les plus difficiles, parfois comme une forme de résistance. Face aux persécutions, des voix s’élèvent au sein des églises catholique et protestante en faveur des juifs. Des groupes de fidèles leur apportent aussi une aide matérielle précieuse et parviennent dans certains cas à les soustraire aux déportations.