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L'étranger, envers du national 1880-1914
L'étranger, envers du national 1880-1914 À la fin du XIXe siècle, l’enracinement de la République et le développement du sentiment national alimentent le rejet des étrangers, Belges au Nord, Italiens au Sud. Les rixes ouvrières se transforment en violences xénophobes, attisées par la crise économique et le renforcement des nationalismes en Europe. Les stéréotypes se figent, relayés par les élites républicaines et une presse en plein essor. Dans le même temps, un racisme « savant » se développe. Il s’en prend aux Juifs français ou étrangers et aux populations colonisées de l’Empire au nom de prétendus arguments biologiques.
Le 16 août 1893, dans les salines d’Aigues-Mortes, une échauffourée oppose ouvriers français et italiens. Très vite, les violences gagnent la ville ; la population mène la chasse aux transalpins, parfois drapeau tricolore en main. On relèvera officiellement des dizaines de morts et de blessés.
En juin 1894, l’assassinat de Sadi Carnot, président de la République, par Caserio, anarchiste italien, provoque de nouvelles émeutes anti-italiennes à Lyon. L’image de l’étranger se met en place : travailleur concurrent, ennemi de la nation et fauteur de troubles.
Elle se nourrit de multiples arguments. On reproche aux étrangers d’échapper au service militaire, d’apporter des maladies et, pour les plus aisés d’entre eux, d’accaparer les richesses du pays.
Le racisme déborde des frontières de l’Empire colonial. À travers fictions, manuels scolaires ou publicités se répand en métropole l’image de « l’indigène » exotique, enfantin, irréductiblement différent et toujours inférieur, même si l’on établit une hiérarchie entre les différents peuples colonisés. Cette image va durablement peser sur la représentation des migrants coloniaux en métropole.
Ouvrage, de plus de mille pages, réédité de nombreuses fois, le juif, français ou étranger, y est dénoncé comme « autre », corps étranger à la nation menaçant pour l'identité du pays.