Politique et immigration

Qu’est ce que l’immigration choisie ?

Choisir "ses" immigrés pour le pays d’accueil consiste à privilégier les travailleurs, qualifiés et ceux susceptibles d’être les plus utiles à l’économie nationale. L’immigration "choisie" est opposée à une immigration "subie" ou, pour reprendre le mot des associations opposées à cette politique, à une immigration "jetable". Cette dernière est constituée d’hommes et de femmes qui entrent en France pour des raisons familiales ou comme demandeurs d’asile, celles et ceux qui seraient soupçonnés de bénéficier du système social ou qui ne représenteraient pas ou peu d’intérêt économique et professionnel.

Image
Une immigration choisie pour une intégration réussie, Georges Wolinski
Une immigration choisie pour une intégration réussie
Georges Wolinski © Musée national de l'histoire de l'immigration

Des entrées sur le territoire plus difficiles

Cette politique vise à durcir les conditions d’entrée de l’immigration "subie". Elle a été annoncée par le Premier ministre, Dominique de Villepin, le 8 juin 2005 dans sa Déclaration de politique générale et mise en œuvre par Nicolas Sarkozy comme ministre de l’Intérieur en mai 2006 dans le cadre de la loi CESEDA (loi sur le code d’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), poursuivie en novembre 2007 avec la loi sur l’immigration et l’intégration, et modifiée le 1er mai 2021 (voir un article du Gisti à ce sujet).
La loi CESEDA durcit les conditions du regroupement familial (un immigré installé en France, devra attendre 19 mois - contre 12 auparavant - pour demander à faire venir sa famille). Elle renforce le contrôle des mariages mixtes, conditionne l’obtention d’une carte de séjour "salarié" à l’existence d’un contrat de travail et à l’obtention préalable d’un visa long séjour, elle annule le principe de la régularisation systématique après dix ans de présence sur le territoire, elle conditionne l’entrée en France à de nombreuses conditions, dont la maîtrise de la langue française et la signature d’un contrat d’intégration...

Favoriser l’immigration de travail

Pour favoriser "l’immigration choisie", l’immigration de travail, officiellement suspendue depuis 1974, devient possible pour certains secteurs de l’économie. Une liste de métiers ouverts aux étrangers non européens a été établie en 2008. Comprenant à l’origine 30 familles de métiers, elle a été ramenée à 14. Pour autant, cette liste est aujourd’hui obsolète.
Pour attirer – ou « choisir » - l’élite de l’immigration internationale, la France propose depuis 2006, une carte de séjour "compétence et talent" destinée à attirer les immigrés qualifiés dont "le talent constitue un atout pour le développement et le rayonnement de la France". En 2016, elle a été remplacée par le Passeport Talent.

Mustapha Harzoune, 2022