Les politiques d’intégration sont-elles efficaces ?
La notion d'intégration dans la République française, visant à concilier l'unité nationale et le respect de la diversité culturelle de ses citoyens, est à nouveau mise en avant dans la loi de 2024. En 2011, le Haut conseil à l’intégration (HCI) rendait au Premier ministre, François Fillon, un premier bilan de vingt années de politique d’intégration. Intitulé La France sait-elle encore intégrer ses immigrés ?, ce rapport évaluait l’efficacité des politiques publiques et les moyens mis en œuvre en France depuis les années 2000 : le contrat d’accueil et d’intégration (CAI) en 2003, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), créée en 2005 et dont les missions ont été transférées au Défenseur des droits en 2011. Des articles analysent les programmes d’accueil et d’intégration en complément de cette évaluation.
Tensions entre mise en œuvre des politiques migratoires et questions éthiques du travail social
Brigitte Bouquet, Marcel Jaeger, in Hommes & Migrations, n° 1290, 2011, pp. 10-21.
Les dispositifs législatifs qui conditionnent l’entrée des migrants sur le territoire français entrent de plus en plus en conflit avec les missions d’accueil et d’aide des travailleurs sociaux. L’accompagnement des mineurs sans-papiers notamment exige de leur part un engagement où l’éthique du professionnel vient à primer sur le droit. À l’heure où l’État français entend surveiller et punir des mouvements migratoires qu’il juge menaçants, le monde du travail social éprouve tout autant les limites que l’absolue nécessité de son action.
L’intégration républicaine : la véritable exigence
Marc-Antoine Jamet, in Hommes & Migrations, n° 1294, 2011, pp. 42 47.
Si l’intégration à la communauté nationale fonctionne, elle a besoin de relais efficaces. Ce que l’on exige de l’immigré, le partage sincère de certaines valeurs, on est en droit de l’attendre de la République. Le processus d’intégration passe par l’école, par le lieu de résidence, par l’accès aux services publics, par la possibilité de pratiquer dignement sa religion et la prise de parole dans les débats qui agitent la vie locale… Autant de dimensions que met en lumière le rapport du Haut Conseil à l’intégration.
La France sait-elle encore intégrer ses immigrés ?
Michèle Tribalat, in Hommes & Migrations, n° 1294, 2011, pp. 60-66.
Le processus d’intégration mérite d’être clairement défini. S’il est à sens unique, c’est à la personne étrangère de s’adapter aux us et coutumes de la société d’accueil. S’il est à double sens, suivant la définition du Conseil européen reprise par le HCI, il implique une réciprocité de la part de la société française. Pour l’intégrer, il faudrait laisser une place à la culture de l’autre. Or il n’en va pas ainsi. La réussite de l’intégration reste difficile à évaluer.