La presse immigrée en langues étrangères en France depuis 1945 : déclin ou renouveau ?
Au XIXe siècle, la France, réputée terre d’accueil cosmopolite et "nation littéraire", a été au cœur d’un important dispositif de production et de mise en circulation de journaux en langues étrangères, animés par des lettrés et des exilés venus du monde entier. Dans l’entre-deux-guerres, ces derniers ont été rejoints par des travailleurs, tels que les Italiens ou les Polonais, et d’autres exilés, tels que les Russes "blancs" ou les Juifs allemands, qui ont également créé des journaux. Narodowiec, un quotidien polonais imprimé à Lens, tire à 40 000 exemplaires à partir de 1936. Or, la presse des immigrés, comme l’ensemble de la presse en France, est ébranlée par la Deuxième Guerre mondiale, l’occupation et la pénurie de papier qui continue après la Libération. En outre, depuis 1939, la loi française restreint, pour les étrangers, le droit d’association et renforce le contrôle de l’administration sur leurs publications, qui peuvent être interdites à tout moment.