Alice Zeniter lauréate du Prix littéraire de la Porte Dorée 2010

Le prix littéraire de la Porte Dorée consacre Alice Zeniter

Le prix littéraire de la Porte Dorée, créé cette année par la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, a été remis pour la première fois le 12 juin 2010 à Alice Zeniter pour son roman Jusque dans nos bras (Albin Michel). Doté de 4000 euros, ce prix récompense un récit écrit en français, ayant pour thème l’exil, qu’il soit volontaire ou imposé, intime, économique ou politique.

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Alice Zeniter
"Au fil des séances, un roman s’est imposé par son culot et son audace. Un livre écrit comme un coup de poing", a déclaré Mohamed Kacimi, le président du jury, lors de la remise du prix. Jusque dans nos bras raconte l’histoire d’un mariage blanc : Alice a décidé de se marier avec son copain d'enfance, Mad, pour qu'il ne soit pas expulsé vers le Mali. Un nouveau chapitre de "la grande histoire du racisme", à laquelle travaille Alice, de père algérien et de mère normande (comme l'auteur), depuis l'époque du bac à sable où elle s'est fait traiter de "bougnoule".

Ce roman très contemporain, dans son inspiration comme dans son style et ses références, ne cède pas aux clichés : si les jeunes gens se sont préparés avec angoisse au questionnaire destiné à déceler les mariages blancs, l'enquêtrice, qui n'a rien d'une inquisitrice, souhaite à ce joli couple tout le bonheur du monde.

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Couverture Jusque dans nos bras Prix littéraire de la Porte Dorée Alice Zeniter
Malice et humour dans le regard sur soi, on échappe au pathos et aux bons sentiments. "Idéalisme de la jeunesse", "éloge de la justice et du devoir de protestation", "optimisme et dynamisme", "joie, élan et légèreté", voilà ce que les membres du jury ont apprécié dans ce roman. Dans son discours de remerciement, la jeune auteur de 23 ans a insisté sur la nécessité d’accomplir, sans attendre, ce qui nous tient le plus à cœur. "Depuis que le livre est sorti, je n’ai cessé d’entendre des commentaires sur mon jeune âge. On devrait faire ce que l’on a envie de faire le plus vite possible. 23 ans, finalement, c’est peut-être déjà trop tard", a-t-elle déclaré. L’assemblée a souri, et pris soudain un sacré coup de vieux.

Le jury, les ouvrages sélectionnés

Composé de Mehdi Charef, écrivain et cinéaste, Arlette Farge, historienne, Mehdi Lallaoui, cinéaste, Florence Lorrain, libraire, Alain Mabanckou, écrivain, Valérie Marin La Meslée, critique littéraire au Point et au Magazine littéraire, Léonora Miano, écrivain, Jacques Toubon, président du conseil d’orientation de la Cité, et Henriette Walter, linguiste, le jury a dû choisir parmi neuf autres romans :

  • L’Arabe, d’Antoine Audouard (L’Olivier)
  • Le Tombeau de Tommy, d’Alain Blottière (Gallimard)
  • Murmures à Beyoglu, de David Boratav (Gallimard)
  • Missak, de Didier Daeninckx (Perrin)
  • La Mer noire, de Kéthévane Davrichewy (Sabine Wespieser) Voir la critique
  • Le Silence des esprits, de Wilfried N’Sondé (Actes Sud)
  • En direction du vent, de Fawaz Hussain (Non-Lieu) Voir la critique
  • Tâche de ne pas devenir folle, de Vanessa Schneider (Stock)
  • Ru, de Kim Thúy (Liana Levi)

En savoir plus

Une présentation des ouvrages sélectionnés ainsi que les biographies des membres du jury sont disponibles dans le dossier de presse