Doan Bui, lauréate du prix littéraire de la Porte Dorée 2016

Le prix littéraire de la Porte Dorée 2016 a été attribué ce mercredi 8 juin à Doan Bui pour Le Silence de mon père (L’Iconoclaste). Le prix récompense, chaque année, un roman ou un récit ayant pour thème l’exil. Il est doté de 4 000 euros.

 

Image
"Le Silence de mon père" de Doan Bui (L'Iconoclaste), lauréat du prix littéraire de la Porte Dorée 2016
"Le Silence de mon père" de Doan Bui (L'Iconoclaste), prix littéraire de la Porte Dorée 2016

La sélection de cette 7e édition comprenait dix autres titres de l’année éditoriale en cours sélectionnés par un comité de lecture composé de professionnels du livre, d’historiens, d’enseignants, de journalistes : Mektouba de Karima Berger (Albin Michel) ; L’Autre Joseph de Kéthévane Davrichewy (Sabine Wespieser) ; Popa Singer de René Depestre (Zulma) ; Nous dînerons en français d’Albena Dimitrova, (Galaade) ; Comme la nuit se fait lorsque le jour s’en va de Libar M. Fofana (« Continents noirs », Gallimard) ; Au moins il ne pleut pas de Paula Jacques (Stock) ; Kidnapping de Gaspar Koenig (Grasset) ; Les Bateaux ivres de Jean-Paul Mari (JC Lattès) ; La Colombie et le Moineau de Khaled Osman (Vents d’ailleurs) ; et Venus d’ailleurs de Paola Pigani (Liana Levi).

 

Sylvain Prudhomme, lauréat 2015 pour Les Grands (L’Arbalète/Gallimard) et membre du jury a déclaré: " Le Silence de mon père de Doan Bui est un livre profondément vrai, d’une auteure qui au fil des pages se réapproprie son histoire, se réconcilie avec elle-même et avec les siens. Un livre généreux, qui écoute magnifiquement les êtres et en même temps accepte leur part d’irréductible énigme. Un livre splendide, que tout le jury est très heureux de saluer ".

De son côté, Doan Bui, lauréate, a exprimé : "Ce prix m'honore profondément comme auteur, car il m'inscrit dans une famille de livres et d'écrivains dans laquelle je me reconnais. Il me touche aussi, de façon plus personnelle, en tant que fille d'immigrés, née en France. Mon identité s'est forgée via les livres : écrire, ça me semblait fabuleux, un travail quasi sacré, mais aussi quelque chose d'inaccessible : "un truc de Français". Et pourtant, écrire, j'en ai fait mon métier. Ce prix, je le vois donc comme une re-connaissance, au sens de "se connaitre à nouveau". Au sens de "réconciliation". Des valeurs au cœur même du message porté par le Musée national de l’histoire de l’immigration, un message ô combien nécessaire dans le climat actuel..."

Le roman primé : Le Silence de mon père (L’Iconoclaste)

"Je ne sais rien de la blessure de mon père, arraché de son pays natal". Quand Doan Bui fait ce constat, il est trop tard. Son père "navigue en aphasie" à la suite d’un AVC et ses questions jamais posées se heurtent à un mur de silence. Elle ne s’est jamais intéressée à l’histoire du Vietnam. Un jour, pourtant, elle a besoin de partir sur les traces de son père en procédant comme pour n’importe quel article : grand reporter à L’Obs, elle a interviewé tant de migrants. Elle décide d’aller interroger ses proches, de la diaspora et du Vietnam.
Ce n’est pas gagné : "Ma mère, écrit-elle, est d’une génération et d’une culture où l’on ne parle pas. Parler, c’est perdre la face". Les langues peu à peu se délient. Du Mans à Hanoi en passant par la préfecture de Paris où on la prend pour "une Chinoise sans papiers parquée dans un appartement ravioli", elle rassemble des bribes d’histoires, découvre des secrets. Une enquête intime, souvent drôle, menée au cœur de "la minorité la plus invisible des minorités visibles".

La lauréate : Doan Bui

 

Image
Doan Bui
Doan Bui, lauréate du prix littéraire de la Porte Dorée 2016

Doan Bui est grand reporter à L’Obs. Elle a obtenu le prix Albert Londres en 2013 pour Les fantômes du fleuve, un article relatant l’odyssée des migrants tentant de rejoindre l’Europe via la Grèce. Elle est co-auteur, avec Isabelle Monnin, de Ils sont devenus français (JC Lattès, 2010). D’origine vietnamienne, elle a grandi au Mans.

Lire l'entretien avec Doan Bui, lauréate du prix littéraire de la Porte Dorée 2016

Les membres du jury 2016

  • Sylvain Prudhomme, écrivain, président du jury, lauréat 2015 pour son roman Les grands (L’Arbalète/Gallimard)
  • Julien Delmaire, écrivain, lauréat 2014 pour Georgia (Grasset)
  • Arlette Farge, historienne
  • Michaël Ferrier, écrivain
  • Mustapha Harzoune, critique littéraire
  • Georgia Makhlouf, journaliste et écrivain
  • Valérie Marin La Meslée, journaliste littéraire
  • Véronique Ovaldé, écrivain
  • David Rey, libraire
  • Jury de lycéens : une classe de première L du lycée Charlemagne (Paris IV), une classe de seconde du lycée Elisa-Lemonnier (Paris XII), une classe de seconde du lycée Paul-Valéry (Paris XII), une classe de seconde du lycée Blaise-Cendrars (Sevran, 93).

Les précédents prix

Avec le soutien de la Fondation d'entreprise WFS