Vivre dans les Banlieues

La vie dans les banlieues voit s’entrechoquer différentes réalités souvent contradictoires, entre exclusion sociale, sentiment d’abandon, affirmation de soi et créativité. Entre pressions subies et dynamiques autonomes, les banlieues apparaissent comme des espaces à la fois fragilisés et puissamment vivants, appelant à une action publique plus juste, plus attentive et mieux partagée.

Legende

Mathieu Pernot, Le Grand Ensemble : Implosion, Le Meilleur des Mondes, Les Témoins, 2000-2006 © Musée national de l'histoire et des cultures de l'immigration

1. L’art de « faire cité »

Les habitants des quartiers populaires, et particulièrement les jeunes, développent des formes de vie originales, souvent invisibles ou mal comprises. Le « faire cité » ne se limite pas à l’urbanisme : il inclut des langages, des modes de socialisation, des rapports genrés, ou encore un certain usage des médias. Cette créativité quotidienne témoigne d’une capacité à transformer un territoire trop souvent stigmatisé en espace vécu, habité, approprié. Cependant, cette dynamique peut aussi renforcer des logiques de repli sur soi.

La “langue des banlieues”, entre appauvrissement culturel et exclusion sociale

 Hommes et Migrations, n°1231, Mai-juin 2001. Mélanges culturels.

Dominique Baillet, « La “langue des banlieues”, entre appauvrissement culturel et exclusion sociale », in Hommes & Migrations, n° 1231, 2001, pp. 29-37.

Emprunts aux langues d'origine des immigrés, utilisation du verlan, distorsions diverses... Le langage utilisé par les jeunes des quartiers dits « sensibles » est souvent présenté comme une manifestation de leur inventivité culturelle. L'auteur y voit plutôt un processus d'auto-exclusion chez des jeunes sans qualifications, une stratégie identitaire pour des adolescents stigmatisés, maîtrisant mal la langue scolaire et qui n'ont plus que la bande, le groupe de pairs, pour s'affirmer collectivement.

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La Banlieue coté fille

 Hommes et Migrations, n°1243, Mai-juin 2003. Le temps des vacances.

Mogniss H. Abdallah, Hommes & Migrations, « Le temps des vacances », n° 1243, 2003, pp. 101-105.

La campagne Ni putes ni soumises a permis de sensibiliser l'opinion publique à la révolte des filles des cités contre le machisme et les violences sexistes. Elle suscite aussi une controverse sur les risques de stigmatisation des jeunes et de l'islam, au nom même de l'égalité hommes-femmes.

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Bagatelle, une cité toulousaine au quotidien

 Hommes et Migrations, n°1195, février 1996. Cités, diversité, disparités. Quelques mécanismes de ségrégation.

Lakhdar Belaïd, Hommes & Migrations, « Cités, diversité, disparités. Quelques mécanismes de ségrégation », n° 1195, 1996, pp. 6-14.

Construite à la va-vite au début des années soixante pour accueillir les rapatriés d'Algérie, la cité Bagatelle, à Toulouse, abrite aujourd'hui une population essentiellement d'origine maghrébine. On y retrouve les caractéristiques de certaines banlieues en désespérance : taux de chômage très supérieur à la moyenne nationale, échec scolaire, délinquance, toxicomanie, alcoolisme... et retour du religieux. Scènes de la vie quotidienne dans la cité toulousaine et rencontre avec quelques-unes de ses figures marquantes...

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Antennes paraboliques et consommation télévisuelle des immigrés

 Hommes et Migrations, n°1210, Novembre-décembre 1997. Portugais de France

Alec G. Hargreaves, Dalila Mahdjoub, Hommes & Migrations, « Portugais de France », n°1210, 1997, pp. 111-119.

La réception par antenne parabolique de chaînes de télévision du monde entier semble se développer de manière irréversible, comme en témoigne la floraison de paraboles dans les villes de France et leurs banlieues. Afin de dépasser les réflexes identitaires que suscite parfois cet état de fait, et de faire la part des fantasmes et des réalités, Alec Hargreaves et Dalila Mahjoub se sont livrés à une enquête sur ce thème auprès de différentes familles issues de l'immigration maghrébine.

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2. Une vie sous pressions

Vivre en banlieue, c’est aussi faire l’expérience quotidienne de diverses formes de pression sociales, économiques, symboliques. Le chômage, la précarité, les discriminations, les contrôles policiers, la défiance vis-à-vis des institutions, l’expérience des violences (comme les bavures) nourrissent les tensions qui parcourent ce cadre de vie. L’identité banlieusarde repose ainsi sur une mémoire collective entre résistance et revendication d’une place dans la République.

Les jeunes des banlieues entre la rupture et le conflit

 Hommes et Migrations, n°1147, octobre 1991. La ville en mouvement.

Adil Jazouli, Hommes & Migrations, « La ville en mouvement », n° 1147, 1991, pp. 4-5.

Quelles perspectives peut-on dégager de l'analyse conjoncturelle, dans les banlieues populaires, de la situation des jeunes, de leur mobilisation, et des actions des pouvoirs publics ; et ce dans un contexte d'échéances électorales proches ?

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Discriminations vécues et ancrage territorial dans les quartiers prioritaires en France

 1285 | 2010 L'appel du pied Foot et immigration

Benjamin Coignet, Gilles Vieille-Marchiset, Hommes & Migrations « L'appel du pied », n° 1285, 2010, pp. 134-146.

Les clubs de football en banlieue sont souvent porteurs de préjugés relevant du racisme, du machisme, générateurs de violence. Pour assurer sa place dans un quartier, l’association sportive est en négociation permanente avec l’identité du territoire sur lequel elle propose ses pratiques. Dans les clubs situés en zones urbaines sensibles (ZUS), la pratique du foot cristallise ainsi souvent des situations de violence, de discrimination vécues ou intériorisées. Les clubs offrent ainsi une caisse de résonance inédite à l’étude sociologique des fantasmes et des a priori qui marquent les quartiers populaires et leurs habitants.

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Les jeunes des banlieues et la mémoire des crimes sécuritaires

 Hommes et Migrations, n°1158, octobre 1992. Mémoire multiple.

Abdelwahed Allouche, Hommes & Migrations, « Mémoire multiple », n°1158, 1992, pp. 6-9. 

Certains jeunes des cités s'approprient la mémoire des crimes racistes et sécuritaires comme patrimoine à défendre contre l'oubli. Ils voient dans sa conservation une manière de dénoncer la désorganisation sociale et l'exclusion dont ils font l'objet. C'est aussi une façon de raviver la rage qui les habite contre l'ordre et la sécurité. Se rappeler les morts, c'est construire l'histoire de sa banlieue, c'est prouver aux yeux du monde des cités avoir payé l'impôt du sang. C'est enfin rester fidèle à son terroir, à une banlieue qui fait à la fois son malheur et son identité.

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SOS Racisme et la valorisation des valeurs

 Hommes et Migrations, n°1109, janvier 1988. L'intégration nécessaire

François Dubet, Hommes & Migrations, « L'intégration nécessaire » n° 1109, 1988, pp. 37-46

La création et le succès du mouvement animé par Harlem Désir, SOS Racisme, feront date dans l'histoire déjà longue de la lutte contre le racisme en France et même en Europe. Laissant loin derrière lui les organisations traditionnellement vouées à l'antiracisme, par l'importance et le renouvellement du public qu'il a su toucher, il interroge les observateurs comme les militants sur la signification de la vague qui le porte, quant à son avenir et à son éventuelle évolution. Le phénomène n'avait pas fait jusqu'ici l'objet d'une étude approfondie. L'article de François Dubet invite à la réflexion et met l'accent sur la place prise par SOS Racisme dans le mouvement des idées contemporaines et les motivations de la jeunesse.

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