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Divorce à l’iranienne : Une séparation

La production cinématographique du rigoriste pays des ayatollahs a eu beau nous réserver nombre de surprises et d’audaces, astucieusement modulées, on ne s’attendait pas, mutatis mutandis, à la voir se mesurer avec la comédie de mœurs dite "à l’italienne".

Bien sûr la farce grivoise et les situations visuellement osées, n’ont pas leur place dans cette chronique de la séparation d’un couple appartenant à la classe moyenne aisée, couche de la population modérément réformiste. Les protagonistes féminines sont dûment coiffées du foulard islamique quand elles évoluent dans l’aire publique, même si le port se relâche dans les mobilités de la vie citadine. On ne badine pas avec les principes même s’ils dérangent un peu. Ou alors on en brocarde les excès pour mettre les rieurs de son côté. Comme dans la scène hilarante où la pieuse aide-soignante questionne sur son portable (on n’arrête pas le progrès !) son directeur de conscience, sorte de Macha Béranger coranique, pour savoir si elle peut faire, sans péché, la toilette intime de son vieux patient. L’envoyée spéciale de Dieu, donne son absolution. Ouf, on a eu chaud ! Razieh (Sareh Bayat) pourra aider le papi incontinent à changer de caleçon.
C’est d’un commun désaccord que Nader et Sinin (Payman Moadi et Leîla Hatami), entament une procédure de divorce. Toutes les arguties d’un juge procédurier échouent devant leur détermination. Profitant de l’aubaine d’un visa périssable, elle veut partir à l’étranger pour une durée indéterminée. Prétextant la charge de son vieux père (Ali-Azghar Shabazi) atteint de la maladie d’Alzeimer, lui se refuse à quitter le pays. Obstination et petits mensonges, pour sauver les apparences et avancer masqués. Ils évitent les problèmes d’adultes (l’opposition au régime, l’expatriation, le soutien de la diaspora…) et reportent toute la cruauté du système sur le sort des enfants. Termeh, fillette de onze ans, sensible et précoce (Sarina Farhadi), est sommée de choisir son lambeau de liberté dans le déchirement des parents.
Le film pourrait s’en tenir à cette intrigue resserrée, il y puise au contraire un sursaut, entraînant anciens et nouveaux personnages dans une véritable enquête policière.

André Videau

Date de sortie cinéma : 8 juin 2011
Réalisé par Asghar Farhadi
Avec Leila Hatami, Peyman Moadi, Shahab Hosseini
Long-métrage iranien
Genre : Drame
Durée : 02h03min
Année de production : 2010
Distributeur : Memento Films Distribution