Economie et immigration

Dans quels secteurs économiques les femmes immigrées travaillent-elles ?

Dans son rapport sur les Perspectives internationales des migrations 2021, l’OCDE montre que les femmes immigrées sont majoritaires dans plusieurs pays de l’OCDE : ainsi elles représentent 52,1% des résidents immigrés au Royaume-Uni, 52,4% au Canada, 51,3% aux USA, 53,7% en Italie, 51,3% en Australie et 51,9% en France. En revanche, en Allemagne et en Suède, elles représentent respectivement 49,4% et 49,6% de la population immigrée.

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Ouvrière à l'usine © Gérald Bloncourt
Ouvrière à l'usine © Gérald Bloncourt

Taux d’activité des femmes immigrées

Les femmes immigrées sont de plus en plus nombreuses à travailler en France, mais leur taux d’activité reste inférieur à celui des hommes immigrés et à celui des femmes non immigrées. En 2020, le taux d’activité pour l’ensemble de la population est de 54,5% (58,8 % pour les hommes et 50,6% pour les femmes). Alors que le taux d’activité des femmes non immigrées est de 51% il descend à 47,7% pour les femmes immigrées. Des différences sont à opérer entre les immigrées de l’UE (45,4%) et les immigrées hors UE (48,6%). Le taux d’activité des étrangères UE est de 51,6%, celui des étrangères hors UE est de 42,9%.
A noter certaines nationalités enregistrent des taux d’activité plus élevé que celui des femmes non immigrées. C’est le cas notamment des immigrées portugaises.

Ces différences s’expliquent principalement par un niveau d’études plus faible (malgré l’allongement de la durée des études pour les plus jeunes), par leur charge familiale mais aussi par un accès plus difficile au marché du travail. Elles sont également plus nombreuses à occuper des emplois partiels, précaires, généralement subis.

Une forte présence dans le secteur de la santé humaine et de l’action sociale et dans l’hébergement et la restauration

19% des femmes immigrées originaires des pays tiers sont employées dans le secteur de la santé humaine et de l’action sociale, contre seulement 5 % des hommes immigrés. Moins présentes dans les transports, la construction, l’agriculture ou encore dans l’industrie, elles sont, en revanche et à l’instar des immigrés hommes, présentes à hauteur de 22% dans l’hébergement, la restauration, les activités de services administratifs et de soutien (contre 9 % de l’ensemble des femmes françaises). A noter que 11% des femmes immigrées travaillent comme employées des ménages. Avec la durée de présence en France, les femmes immigrées délaissent ou peuvent délaisser ces services peu qualifiés pour travailler dans la santé humaine et l’action sociale (14 % de l’emploi pour les femmes immigrées présentes en France depuis moins de huit ans contre 21 % de l’emploi pour celles arrivées il y a plus de 16 ans), ainsi que dans l’administration publique et l’enseignement.

Cette spécialisation dans des secteurs précis de l’économie française, leur situation professionnelle souvent précaire et leur exposition plus forte au chômage tendent à démontrer que les femmes immigrées subissent dans le monde du travail une situation de double discrimination en raison de leur origine réelle ou supposée et de leur sexe.

Mustapha Harzoune, 2022

Source :

  • Insee, enquête emploi 2020 & Déclinaison française de l’enquête européenne Labor Force Survey (LFS). Données de 2011, disponibles depuis octobre 2012