Elsa Schiaparelli

(Rome, 1890 – Paris, 1973)

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Elsa Schiaparelli, manteau du soir lui ayant appartenu, haute couture, printemps-été 1949 © Collection Palais Galliera / Photo : Spassky Fischer
Elsa Schiaparelli, manteau du soir lui ayant appartenu, haute couture, printemps-été 1949 © Collection Palais Galliera / Photo : Spassky Fischer
Elsa Schiaparelli est une créatrice de mode d’origine italienne. Née au sein d’une famille d’aristocrates et d’intellectuels, son enfance fut bercée par la poésie et les arts. Elle publie en 1911 un recueil de poèmes imprégnés de sensualité, marquant ainsi le début de son émancipation. En 1914, elle épouse le Comte Wilhelm Wendt dont elle fait la connaissance à Londres, lors d’un séjour chez sa sœur. Ce mariage ne dura que quelques années mais lors d’un voyage à New York avec son époux elle put rencontrer les artistes d’avant-garde de cette époque, Man Ray, Marcel Duchamp, Edward Steichen grâce à Gabrielle Picabia, épouse du fameux peintre, inscrit dans le mouvement Dada. De retour à Paris, elle rencontre le célèbre couturier Paul Poiret qui, devinant la femme atypique, lui permit de faire valoir plusieurs modèles de sa collection.
Séduite par cette expérience de la création, des matières et des formes, Elsa devient styliste freelance et se lance à son tour dans la conception de modèles dont le pull en maille tricoté main avec un motif en trompe l’œil noir et blanc devient le produit phare.

Sa société fondée en 1927 amorce un véritable tournant lorsqu’elle ouvre son atelier au 4 rue de la Paix avec pour plaque "Schiaparelli – Pour le Sport". Les motifs en trompe-l’œil, les contrastes de couleurs, ainsi que le design sportswear lui assurent un succès immédiat, en particulier aux Etats-Unis.
Elsa Schiaparelli fait preuve d’un grand sens de l’innovation et d’une modernité étonnante : jupes culottes, robes portefeuille, robes réversibles, zips de couleur. Son originalité, son immense créativité, sa collaboration avec les plus grands talents de son époque : Elsa Triolet, Alberto Giacometti, Meret Oppenheim, Jean Schlumberger, Jean-Michel Franck, Marcel Vertès, Jean Dunand, Jean Clément ou encore Raymond Peynet lui assurent un succès inégalé.

En 1932, la Maison de Couture devient "Schiaparelli - Pour le Sport, Pour la Ville, Pour le Soir". L’année suivante des succursales ouvrent à Londres et New York. La créatrice se lance de nouveaux défis : parfums, achat de l’Hotel de Fontpertuis Place Vendôme, création d’un imprimé reprenant les articles de presse qui lui sont dédiés. En 1934, elle fut la première créatrice de mode à faire la couverture du magazine américain Time. Elle attire l’intérêt les femmes célèbres au caractère fort : Wallis Simpson, future duchesse de Windsor, Marlene Dietrich, Katharine Hepburn, Lauren Bacall, Gene Tierney, Gala Dali, Vivien Leigh ou encore Juliette Gréco…

Elsa Schiaparelli manie la sobriété, le cinglant, le "chic dur" et la séduction avec la plus grande dextérité. Elle innove en créant des thématiques pour ses collections et leur donne des appellations évocatrices comme "typhon", "silhouette", "parachute". Elle ne s’interdit aucune excentricité et s’inspire à la fois du vestiaire masculin en créant le premier manteau-chemise en 1935, et des surréalistes tels Salvador Dali, Magritte, en confectionnant des bottines en cuir aux orteils représentés par des surpiqures, un flacon de parfum pour homme en forme de pipe, des gants à ongles de python rouge, des bottines frangées de longs poils de fourrure de singe, un collier en Rhodoïd incrusté d’insectes ou des sacs à main à ornements lumineux. En 1937, Elsa lance le parfum "Shocking" et crée la couleur rose Shocking.Durant la Seconde Guerre mondiale, elle continue de créer dans l’espoir de maintenir son activité mais part finalement en 1940 pour les Etats-Unis où elle fait une série de conférences sur la mode. A Dallas, Elsa est la première créatrice européenne à recevoir le prix Neiman Marcus en 1940.

A la fin de la guerre, elle rentre en France, embauche Hubert de Givenchy pour assurer la direction artistique de la boutique. Elle lance de nouveaux parfums, crée une garde-robe "Constellation" pour les femmes voyageant de plus en plus.
L’audace de ses collections (robe du soir à soutien-gorge apparent) lui vaut des articles dans le New York Times et une couverture du magazine Newsweek.

En 1954 Elsa Schiaparelli quitte le monde de la Haute Couture et rédige son autobiographie Schocking Life.