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La topographie oubliée des immigrés en terre française

Dans les années trente, en France, nombreux étaient les immigrés – Italiens, Espagnols, Polonais – habitant dans des bidonvilles en marge des agglomérations, archipels identitaires dont certains furent appelés « villages nègres », par un amalgame sémantique entre l’Autre exotique et le « métèque ». Quelles traces reste-t-il aujourd’hui de cette ghettoïsation des migrants ? Les souvenirs contradictoires des anciens « villageois » et de leurs voisins français, le silence des archives mettent en évidence les mécanismes de la mémoire – officielle, légitime, collective, minoritaire – d’une société, et l’amnésie qu’un groupe dominant peut opposer à un groupe marginal et dérangeant.