Economie et immigration

Combien la France compte d’immigrés et d’étrangers ?

En 2020, la population totale vivant en France s’élève à 67,3 millions d’habitants. La France compte 5,1millions d’étrangers soit 7,6% de la population ; elle se compose de 4,3 millions d’immigrés n’ayant pas acquis la nationalité française et de 0,8 million de personnes nées en France et n’ayant pas acquis la nationalité française.

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Barthélémy Toguo, Carte de séjour (tampon), 2010
Barthélémy Toguo, Carte de séjour (tampon), 2010, Sculpture en bois, 24 x 46 x 26 cm. Musée national de l'histoire et des cultures de l'immigration, CNHI Courtesy Galerie Lelong, Paris © ADAGP, Paris 2011

La catégorie « immigré » - qui comprend les Français par acquisition (nés hors de France) et les étrangers (nés hors de France) - s’élève à 6,8 millions, soit 10,2 %. Les Français par acquisition nés hors de France sont 2,5 millions, soit 36% d’entre eux : ils ne sont donc plus étrangers. Pour autant, ils demeurent, selon, les statistiques, des « immigrés », enfermés ou renvoyés à une catégorie qui, loin de les fondre dans le commun républicain spécifie si ce n’est leur extranéité à tout le moins leur particularité.
Selon le démographe Hervé Le Bras, hier tout était simple : on était français ou étranger. Aujourd’hui on peut être français, mais Français “immigré”. La “nocivité” du mot est de faire “fi de la naturalisation”, et plus grave, d’avoir “gonflé la partie étrangère en lui adjoignant les naturalisés, ce qui a creusé l’écart entre ces derniers et les Français”. Ainsi, en renvoyant le naturalisé à son étrangeté on élargissait, “le fossé […] entre les Français de naissance et les immigrés”.

La présence de populations immigrées dans un pays traduit à la fois des flux récents, nouveaux parfois, mais aussi l’histoire du pays, l’histoire coloniale en premier lieu, et la dynamique de flux migratoires passés. De ce point de vue, la France est, depuis le XIXe siècle et jusqu’aux années 1970 un vieux pays d’immigration, qui a « accueilli » ou plus exactement organisé en fonction de ses besoins, la venue puis l’installation de nombreux migrants venus d’abord des pays voisins – Belgique, Angleterre, Allemagne, Suisse, Pologne, d’Italie, d’Espagne puis du Portugal, d’Afrique du Nord, d’Afrique sub-saharienne ou d’Asie. La France - comme les États-Unis - est faite d’une longue histoire d’immigrations, partant, ce flux d’entrée, avec des variations observées selon telle ou telle période, est resté globalement ininterrompu sur plus d’un siècle. Cela traduit un fait et une réalité : l’Histoire n’est pas un self-service ou un manuel auquel on arracherait abrupto des pages entières.

Entre 2006 et 2019, le nombre de personnes immigrées arrivant en France est passé de 193 400 à 272 400.
Les personnes migrantes établies en France en 2019 sont pour 46,5 % des personnes d’origine africaine et pour 33,3 % ressortissantes de pays européens : 12,6 % viennent d’Algérie, 12 % du Maroc, 9 % du Portugal, 4,5 % de Tunisie, 4,3 % d’Italie, 3,7 % de Turquie et 3,6 % d’Espagne.

 

Mustapha Harzoune, 2022