Chronique livres

Le Slam, poésie urbaine

Jean Faucheur & Nancy-Emmanuelle Gille

Ces dernières années, le slam s’est imposé dans le paysage artistique français, allant conquérir des publics au-delà de son public habituel des banlieues. Le slam, c’est l’exercice qui consiste à dire ou plutôt à déclamer des textes devant un public, quel qu’il soit, en trois minutes au maximum. Le livre présenté par Nancy-Emmanuelle Gille et illustré par Jean Faucheur fait découvrir cette pratique, en l’extirpant des clichés habituels qui l’ont longtemps cantonnée aux marginaux des cités. Les textes de slam et les illustrations ne se tournent pas seulement vers l’art urbain, afin de privilégier la diversité des sujets et des traitements. Les images, de qualité, mélangent abstraction, figuration, caricature. Évidemment, il serait possible de gloser longtemps à propos de l’attitude qui consiste à considérer cette pratique comme de la poésie... d’autant plus que la poésie tend généralement à échapper à toute tentative de définition. Aussi, bien que les ressources poétiques employées se limitent parfois à l’utilisation des allitérations, des rimes, que l’inventivité puisse paraître réduite et que la poésie ne paraisse pas régir la totalité des textes, il faut bien noter que le désir de manier la matière sonore et signifiante, de dire autrement le réel est tout à fait là. On appréciera alors l’échappée loin de la niaiserie : pas de victimisation, juste des voix lyriques parlant du quotidien, des galères, des guerres, des rêves... Le mal-être est pris du bon pied : celui de l’autocritique, voire de l’autodérision. Si le slam renoue avec la poésie, c’est dans la revendication de la liberté par le déchaînement dans le paysage artistique français, allant conquérir des publics au-delà de son public habituel des banlieues. Le slam, c’est l’exercice qui consiste à dire ou plutôt à déclamer des textes devant un public, quel qu’il soit, en trois minutes au maximum. Le livre présenté par Nancy-Emmanuelle Gille et illustré par Jean Faucheur fait découvrir cette pratique, en l’extirpant des clichés habituels qui l’ont longtemps cantonnée aux marginaux des cités. Les textes de slam et les illustrations ne se tournent pas seulement vers l’art urbain, afin de privilégier la diversité des sujets et des traitements. Les images, de qualité, mélangent abstraction, figuration, caricature. Évidemment, il serait possible de gloser longtemps à propos de l’attitude qui consiste à considérer cette pratique comme de la poésie... d’autant plus que la poésie tend généralement à échapper à toute tentative de définition. Aussi, bien que les ressources poétiques employées se limitent parfois à l’utilisation des allitérations, des rimes, que l’inventivité puisse paraître réduite et que la poésie ne paraisse pas régir la totalité des textes, il faut bien noter que le désir de manier la matière sonore et signifiante, de dire autrement le réel est tout à fait là. On appréciera alors l’échappée loin de la niaiserie : pas de victimisation, juste des voix lyriques parlant du quotidien, des galères, des guerres, des rêves... Le mal-être est pris du bon pied : celui de l’autocritique, voire de l’autodérision. Si le slam renoue avec la poésie, c’est dans la revendication de la liberté par le déchaînement des mots, dans l’expression lyrique de l’autonomie du sujet par-delà les frontières sociales ou culturelles et l’enfermement du réel. Le “slam, c’est l’âme qui rime, c’est la lame, c’est la lime”. Qu’il rende hommage aux femmes de toutes les cultures, qu’il prône le métissage et le respect, qu’il traite avec humour l’incarcération, ce moyen d’expression témoigne avant tout de la condition urbaine de l’individu, entre ses désillusions et ses espoirs, et de sa quête d’identité. Il se dévoile ici dans l’immédiateté de son dire, à la fois réglé matériellement par le temps imparti, mais surtout par l’urgence qui transparaît dans des textes, en prise directe avec le monde, avec la société. Cette liberté que l’on retrouve page après page, d’image en image, dans les déclamations, dans les formes utilisées, dans les sujets, dans le refus des tabous, donne à cette “poésie urbaine” une vraie vitalité. Le CD d’accompagnement donne un échantillon appréciable de ce qui se déclame avant de se lire, même si les voix ne sont pas toujours très travaillées, un peu monotones dans la répétition des mots. À cette parole de performance, le livre offre un espace d’expression. L’image ajoute une dimension supplémentaire à l’écriture et à l’oralité. Là encore, les barrières sont franchies, dans une esthétique qui ne se soucie pas d’accréditer une mode ou une autre... Aussi, devant ceux qui qualifieraient le slam de genre à deux sous, montrons qu’il n’en est rien.