Éditorial

Regards sur les migrations internationales

La mondialisation suscite de nouvelles formes de migrations internationales. Ce dossier explore ce thème à partir d’un vaste panel de pays et d’un choix parmi les nombreux travaux présentés lors du congrès mondial de l’Association internationale de sociologie, qui s’est tenu à Durban en juillet 2006. Ces mobilités profitent aux pays qui connaissent de fortes pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs de leur économie, sans pour autant garantir aux migrants des conditions d’accueil et de travail acceptables. Le dossier analyse les motivations et les stratégies des personnes qui décident d’aller vivre ailleurs et dont les profils s’avèrent de plus en plus divers. Il souligne également le rôle contrasté des États face à ces mobilités. Dans certains cas, les États interviennent pour aider les employeurs à recruter des travailleurs non qualifiés ou très qualifiés selon les besoins ; dans d’autre cas, ils renforcent leurs contrôles aux frontières par des politiques d’immigration adoptées dans une démarche multilatérale, comme à l’intérieur de la communauté européenne. Les notions de souveraineté nationale, de frontière et de citoyenneté sont remises en question par les migrants qui établissent des rapports de plus en plus complexes avec leur pays d’origine et leur pays d’accueil. À l’échelle planétaire se dessine ainsi une nouvelle division internationale du travail que certains auteurs qualifient de “classes économiques transnationales”.

Au-delà des prévisions des experts qui ne cessent d’alerter l’opinion sur les mutations à court terme de l’environnement, les catastrophes naturelles à répétition scandent désormais l’actualité mondiale et déploient sous nos yeux les images insoutenables des épidémies, des famines, des misères humaines, des exodes forcés, avec son cortège de violences dues au choc des confrontations de populations qui n’ont pas choisi de vivre ces situations. La rédaction a choisi d’illustrer ce dossier en publiant des photographies du collectif Argos, qui regroupe neufs journalistes, rédacteurs ou photographes, spécialisés dans les conséquences humaines du réchauffement climatique.
Depuis plusieurs années, le collectif Argos mène un projet d’envergure internationale sur les réfugiés climatiques en racontant l’histoire des peuples qui subissent, sans parfois en prendre pleinement conscience, les conséquences du réchauffement de la planète sur leur vie quotidienne, leur culture, leurs rapports sociaux ou avec l’environnement. Parmi les neuf escales du collectif, la revue publie seulement une petite sélection de reportages sur différents peuples confrontés au dégel des sols en Alaska, aux inondations des terres et à l’intensification des moussons au Bangladesh, à la montée du niveau des mers aux Maldives et dans le Pacifique, aux cyclones comme à la Nouvelle-Orléans… Mais bien d’autres escales auraient pu être publiées pour compléter l’important travail entrepris par le collectif Argos.
“Le XXIe siècle sera marqué par l’apparition de centaines de millions de réfugiés chassés de leur terre par le réchauffement climatique” (www.refugiesclimatiques.com). Espérons que dans un avenir proche, pour expliquer pourquoi ces migrations de réfugiés climatiques constituent un enjeu majeur pour l’humanité, la revue sera en mesure de publier les résultats de travaux sur ce thème.