Les étrangers dans les guerres en France

1940 : des coloniaux dans l'armée régulière et dans la Résistance

Enrôlés dans les troupes qui seront de tous les combats, en particulier au moment de la Libération, faits prisonniers par l’Occupant dans les frontstalag, engagés dans la Résistance, les coloniaux ont payé leur tribut à la guerre contre l’Occupant de la France.

L’appel aux soldats de l’Empire

Image
Affiche "Pour la défense de l'Empire" © Eric Deroo
Affiche "Pour la défense de l'Empire" © Eric Deroo

178 000 Africains et Malgaches et 320 000 Maghrébins sont appelés en 1939-1940

Selon les chiffres du sous-secrétariat d’État aux Anciens combattants, 21 500 Africains et Malgaches, et 16 600 Maghrébins sont tués entre 1939 et 1945. Environ 25 000 Africains et Malgaches et 18 000 Algériens sont fait prisonniers et restent bloqués en métropole durant toute la durée de la guerre, d'abord dans des frontstalag allemands en France, puis transformés en “travailleurs libres”, et enfin “recrutés” par l'organisation Todt pour construire des fortifications sur la côte méditerranéenne.
En 1945, les troupes Nord-africaines sont de tous les combats pour la libération du continent, entre autres durant la campagne d’Italie, à Monte Cassino, où s’illustrent les tirailleurs algériens, tunisiens et marocains, ainsi que dans la plaine des Flandres, sur les bords du Rhin ou à Marseille, libérée par les tabors marocains.

 

Les Indochinois dans les usines de guerre

Image
Indochinois travaillant dans une usine d'obus en 1944. © BDIC
Indochinois travaillant dans une usine d'obus en 1944. © BDIC

Les Indochinois sont quant à eux recrutés pour faire tourner cette fois encore les usines de guerre.

20 000 sont envoyés en France, réquisitionnés ou travailleurs volontaires. Organisés militairement en compagnies dépendant du service de la Main-d’œuvre indigène (la MOI, à ne pas confondre avec la Main d’œuvre immigrée, l’organisation communiste qui regroupe les résistants étrangers), ils sont capturés lors de la défaite et emprisonnés pour une bonne part d’entre eux dans les frontstalag. Á partir de 1942, les 14 000 qui sont encore en France sont mis au service de l’armement de guerre de l’occupant.

La Résistance

Image
Guerre 1939-1945. FFI devant leur cantonnement © Roger Viollet
Guerre 1939-1945. FFI devant leur cantonnement © Roger Viollet

5 000 tirailleurs africains et malgaches, déserteurs ou évadés des camps de prisonniers, gagnent les rangs des FFI (Forces françaises de l’intérieur).

On en trouve au combat dans les maquis de 38 départements métropolitains. De même, on dénombre 52 tirailleurs sénégalais dans les maquis du Vercors, qui sont de tous les combats et participent à la libération de Romans-sur-Isère le 22 août 1944, puis du quartier de la Part-Dieu, à Lyon, le 3 septembre 1944.

On comptera 14 Africains parmi les 1030 compagnons de l'Ordre de la Libération, la plus prestigieuse des décorations de la France libre. De même, des militants nord-africains de la cause indépendantiste se battent pour la liberté universelle aux côtés des Français durant l’Occupation. Sahli-Mohand Chérif, par exemple, militant du Parti du peuple algérien de Messali Hadj en 1937, édite en métropole durant la guerre El Hayat, une feuille clandestine de résistance à l’occupant de la France, avant de reprendre son combat pour l’indépendance algérienne après 1945.

Il faut citer également le martyr du militant communiste algérien Mohamed Lakhdar, ouvrier métallurgiste, engagé dans les FTP en 1942, arrêté en 1943 par la police française et exécuté, mort pour que vive la France et la liberté de l’homme.

Le tirailleur Addi Bâ

Image
Le tirailleur Addi Bâ. © DR
Le tirailleur Addi Bâ. © DR

Né en 1923 à Conakry (Guinée), Addi Ba arrive jeune en France, à Langeais (Indre-et-Loire). Il s’engage dès le début de la guerre dans le 12e Régiment de tirailleurs sénégalais, avant d’être capturé, en juin 1940, avec presque toute sa compagnie.

Il est conduit à Neufchâteau, dans les Vosges, d’où il s’évade avec quelques camarades africains. Dès octobre 1940, il entre en contact avec le réseau “Ceux de la Résistance”. En mars 1943, il participe à l’établissement du premier maquis des Vosges, baptisé “Camp de la Délivrance”, qui abrite quatre-vingts réfractaires français au STO (Service du travail obligatoire), dix-huit Russes et deux Allemands, tous déserteurs de la Wehrmacht. Le maquis est attaqué en juillet : traqué par la police allemande, aisément reconnaissable, Addi Ba est arrêté le 15 juillet et conduit à Épinal. Là, il est atrocement torturé mais ne parle pas alors qu’il n’ignore rien des réseaux de la Résistance dans les Vosges. Il est fusillé le 18 décembre 1943 sur le plateau de la Vierge, à Épinal. Une rue de Langeais porte son nom depuis 1991.