Les migrations

Les Français émigrent-ils à l’étranger ?

Les Français aussi émigrent et deviennent des immigrés dans les pays où ils s’installent. Au 1er janvier 2022, selon les registres des consulats et ambassades, les Français « expatriés » étaient 1 614 772. Une baisse de 4,2% par rapport à l’année précédente (1 685 638 inscrits au 1er janvier 2021) et ce pour la quatrième année consécutive, après plusieurs années de hausse de 3 à 4 % en moyenne par an. Les inscriptions sur les registres consulaires étant facultatives, pour le ministère des Affaires étrangères, "la population totale française à l’étranger est estimée à plus de 2,5 millions ».

Plusieurs explications possibles à ces récentes baisses : crise sanitaire et économique ; non inscription ou réinscription sur les registres consulaires. Par ailleurs la tendance générale n’est pas uniforme, puisque certaines destinations voient le nombre d’expatriés français augmenter depuis cinq ans (Pays Baltes, Mexique et dans une moindre mesure Émirats arabes unis et Qatar).
Les Français à l’étranger résident pour près de la moitié (49%) dans un pays européen, 19 % en Amérique du Nord, 15 % en Afrique du Nord et au Proche-Orient, 8% en Afrique subsaharienne et Océan Indien et 7,8% en Asie et Océanie (Chine, Singapour et Thaïlande).

Pourquoi les Français s’expatrient-ils ?

L’expatrié français est un homme ou une femme, jeune en général. Selon une étude TNS-Sofres d’avril 2005 : 33 % des Français travaillant à l’étranger avaient entre 41 et 59 ans, 24 % entre 25 et 30 ans et 20 % entre 31 et 35 ans. Ainsi 44 % des Français à l’étranger auraient moins de 35 ans (Le Figaro, 24 février 2006). 
Ce sont des personnes qualifiées (diplômés de l’enseignement supérieur, niveau Bac + 2, Bac + 3 ou plus) : cadres commerciaux, administratifs, financiers, ingénieurs, professionnels de la santé et de l’éducation, diplômés en informatique et autres chercheurs. En 2019, 58% des Français établis à l’étranger étaient titulaires d’un diplôme supérieur.
La principale motivation des « expat » reste professionnelle (faire carrière, nouveaux défis professionnelles, expériences, devenir chefs d’entreprise…). En 2010, l’enquête annuelle de la Maison des Français de l’Étranger (MFE) indiquait que ces départs étaient aussi motivés par les difficultés à obtenir un emploi en France. Les jeunes diplômés expatriés se déclarant victime d’un manque de "confiance aux juniors" ou de "discriminations" en raison de leurs origines. Était également dénoncée une dégradation des relations humaines dans l’entreprise et plus largement dans la société française.
Parmi les autres raisons qui expliquent pourquoi de plus en plus de Français décident de s’expatrier ou d’émigrer : le coût de la vie, le goût du soleil, le goût des autres et la recherche de "chaleur humaine".
 

L’expatriation des retraités

Les plus de 60 ans sont de plus en plus nombreux à s’installer à l’étranger. La Caisse nationale d’assurance vieillesse dénombrait, au 31 décembre 2019, plus de 14 millions de retraités en France. 91,7 % de ces retraités résident en France et 8,3 % à l’étranger, soit plus de 1,1 million de retraités expatriés. Parmi eux, 52,4% vivent en Europe, 41,5% en Afrique, 3,1% en Amérique, 2,6% en Asie et 0,3% en Océanie.
Selon les données des Affaires étrangères, les retraités français « expatriés », tous régimes de sécurité sociale confondus, étaient 208 730 en 2009, 203 128 en 2010, 225 000 en 2013, plus de 251.223 en 2014, soit 14% des expatriés français. L’Algérie reste le premier pays d’accueil avec près de 440 000 retraités. Suivent l’Espagne (191 159), le Portugal (près de 178 000) et l’Italie (91 300) qui constituent le trio de tête des pays de l’Union européenne les plus plébiscités par les retraités du régime général. Dans les 15 principaux pays de résidence figurent aussi le Maroc et la Tunisie, la Suisse, la Turquie, mais aussi les Etats-Unis (près de 15 000), la Serbie (11 600) ou encore Israël (6 700). Des destinations éloignées comme l’Asie (Thaïlande, Vietnam, Cambodge) attirent également de plus en plus de retraités. Parmi les principales motivations des « expats » du troisième âge figurent le retour au pays d’origine, la recherche d’un cadre de vie agréable, la compensation de la perte du pouvoir d’achat, voir la poursuite d’une carrière professionnelle.

Pour le démographe Hervé Le Bras, la France qui s’inquiète d’être submergée par l’immigration est en train de devenir un pays d’émigration et ce sans ce se donner les moyens et les outils statistiques d’en saisir les causes et les conséquences sur sa démographie. 
 

Mustapha Harzoune, 2022