Modane et le Muséobar

Le Muséobar, ouvert en 2006 dans un ancien cinéma, à côté du Cristal bar qui constitue son entrée, en face de la Gare internationale de Modane, a été pensé comme un lieu de mémoire de la ville de Modane. L’idée du musée remonte à 25 ans, à un projet de la conservation départementale du patrimoine qui souhaitait valoriser sa collection de pianos mécaniques construits à Modane par un immigré italien Désiré Jorio et qui sont attachés à l’histoire locale. Leur musique, dont le son se diffusait dans les cafés, symbolise, en effet, pour la génération de témoins qui a connu cela ou a grandi dans ces souvenirs (des années 1900 aux années 1930), l’âge d’or de Modane : époque de prospérité, d’effervescence, de richesse, de pleine activité de Modane comme un carrefour international. Le Museobar questionne ainsi le statut d’une ville “frontière”, de transit du début du 20e siècle. En complément, aujourd’hui, des projets sur la valorisation les mémoires d’immigrations continuent et des expositions temporaires sont régulièrement réalisées, accueillies et présentées.

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Fresque du musée © Muséobar de Modane
Fresque du musée © Muséobar de Modane
Lieu de mémoire au service de l’histoire locale et plus particulièrement de l’immigration de la région Rhône-Alpes, le Museobar est un musée “récit”, un lieu d’interprétation porté par celles et ceux qui ont fait Modane au cours des siècles. La reconstitution de scènes de vie dans des cafés années 1900 (le café des Italiens, le café des militaires, le café de la gare (des voyageurs), le café bourgeois (où l’on se montre) constitue le parti pris muséographique du musée. Ce choix répond à des objectifs précis : celui de présenter les pianos mécaniques liés à l’histoire sonore et sociale de la ville comme des signes de l’effervescence et du cosmopolitisme de Modane et celui d’utiliser le café comme lieu de sociabilité et de mixité, c’est-à-dire comme un lieu emblématique pour rendre compte du dynamisme d’une ville.

Rappel historique

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Vue de Modane © Muséobar de Modane
Vue de Modane © Muséobar de Modane
Sa position géographique, dans la vallée de la Maurienne, fait de Modane une ville particulière, à la fois ville frontalière, ville de transit et d’immigration mais aussi ville de commerce et d’industrie. Ces différentes vocations ont contribué à en faire une ville marquée par l’histoire.
Bourgade de Savoie située à la frontière avec l’Italie, Modane se métamorphose au tournant des années 1900. Elle devient une ville frontière et connaît ainsi un important développement économique. Dotée d’une gare internationale, Modane bénéficie aussi d’une grande renommée comme voie de transit et de commerce, mais aussi de trafic et de contrebande. Ainsi, jusqu’aux années 1930, les Piémontais qui veulent venir en France sont nombreux à transiter par Modane, qui compte alors 7 000 habitants, avec la commune attenante de Fourneaux. Avec la consolidation du fascisme qui entend contrôler l’émigration, et la crise des années 1930, l’immigration recule et Modane décline peu à peu.
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Reconstitution de scène de vie dans le musée © Muséobar de Modane
Reconstitution de scène de vie dans le musée © Muséobar de Modane
Après 1945, les migrations reprennent, mais se transforment. Les immigrés italiens viennent désormais du sud de la péninsule. Pendant les Trente Glorieuses, arrivent ensuite des migrants turcs et portugais, ainsi que des Harkis. Au tournant des années 1980, de nombreuses industries de la vallée disparaissent pour laisser place à la construction de l’autoroute A43. L’ouverture complète des frontières en 1992, après la mise en œuvre des accords de Schengen, accélère les mutations de la ville. La garnison militaire, qui employait jusqu’à 1500 personnes, n’a plus lieu d’exister. La gare internationale perd aussi de son importance. Aujourd’hui, Modane compte 3 600 habitants et Fourneaux 900. La richesse de la ville et de son canton est désormais liée aux activités touristiques de montagne. Toutefois, dans le cadre des migrations mondialisées, Modane continue d’être un lieu de passage et de contrôle pour de nouveaux migrants en transit, comme les Afghans et les Kurdes.
Les vagues successives d’immigration ont fait de Modane un lieu emblématique et son nom se retrouve cité dans nombre de récits de migrants, surtout italiens. L’ancienne gare, où débarquaient les nouveaux venus, a été démolie en 1944, lors d’un bombardement, et reconstruite après la guerre. Mais d’autres lieux témoignent de ce passé de ville frontière : l’ “Hôtel international” qui s’est également appelé “Hôtel Terminus”, et l’ “Hôtel des voyageurs”, le bureau de l’Office national de l’immigration (dès le début du XXème siècle, à l’initiative du docteur Constantin Ros, s’ouvre un dispensaire d’hygiène sociale dans un bâtiment qui accueille aussi l’Office National de l’Immigration. Celui-ci était en liaison directe avec le commissariat de police dont il dépendait. Après leur avoir fait passer une visite sanitaire, le bureau fournissait aux immigrés un repas et lorsqu’ils étaient en règle, un sauf-conduit, leur permettant de partir ainsi. L’Office cessa son activité le 31 décembre 1969), le tunnel, les cols du Montcenis, du Fréjus et de Pelouse et le “centre de tri pour étrangers”.

À écouter, en partenariat avec l'Epra

Modane, petite ville de Savoie de 3 500 habitants, est un des lieux historiques de l'arrivée de l'immigration transalpine… Des générations d'Italiens sont passées par là depuis la construction du tunnel ferroviaire en 1870. Mais aujourd'hui encore, Modane est un lieu de passage pour les immigrés de l'Orient (Ex-Yougoslavie, Moyen-Orient…). Rencontre avec des papys italiens, de leurs enfants, de jeunes Turcs modanais et de ceux et celles qui observent le flux de sans-papiers contrôlés quotidiennement par la Police aux frontières.
O. Minot / JB. Fribourg, Radio Pluriel
En partenariat avec l'Epra

jep_2009_modane.mp3
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Podcast

Programmation

L’élaboration du musée, ainsi pensé autour de ces objets, repose sur le soutien de l’association Mémoires sans frontière. S’appuyant sur de multiples ressources, historiques et iconographiques et sur différentes compétences politique et scientifique ainsi que sur une dynamique associative locale forte, la municipalité a lancé le projet en collaboration avec la conservation du patrimoine de Savoie. Dès 2004, Mémoires sans frontière débute sa collecte de documents sur Modane en s’appuyant sur les archives familiales des particuliers. De leur côté, ethnologues et historiens constituent le contenu scientifique du musée.

Samedi 19 septembre, de 10h à 12h et de 15h à 19h

Lieu-Accès : Muséobar, 42, rue de la république 73500 Modane
Nature de la manifestation :

  • Ouverture gratuite du Museobar.
  • Projection en continu des vidéos réalisées par les élèves de l’atelier vidéo du collège de Modane, travail de collecte de témoignages auprès d’immigrants Modanais réalisé dans le cadre de “Miroir de l’intégration” de la FOL de Chambéry et de la ligue de l’enseignement. Les élèves et leur professeur, Madame Barré présenteront leur travail dans la matinée

Contact :

Dimanche 20 septembre de 15h à 19h

Lieu-Accès : Muséobar, 42, rue de la république 73500 Modane
Nature de la manifestation :

  • Ouverture gratuite du Muséobar
  • Promenade historique sur les lieux emblématiques de l’immigration de Modane : 14h30 : Le parcours présentera différents lieux entre le quartier de la gare et de Fourneaux, tels qu’ils étaient au début du 20e siècle lors des premières vagues d’immigrations et de la création de la frontière avec l’Italie. Animée par plusieurs témoins, cette balade permettra également à chacun de partager ses souvenirs et témoignages sur le passage de la frontière à différentes époques.
  • Retour vers 16h30 au Museobar, pour une visite du musée

Documentation : Brochure “Modane, lieu de Mémoire de l’immigration”
Contact :