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Peur de rien

Paris, 1993. Lina est libanaise, elle a 18 ans, et débarque chez une tante qu’elle connaît à peine pour y entamer des études.

Mais d’emblée, contrainte de fuir l’oncle libidineux, elle se retrouve à la rue la veille de la rentrée. Complètement perdue mais libre, elle est déterminée à se faire une place dans ce monde qui ne l’attend pas. Trois rencontres amoureuses vont l’aider à tracer son chemin.

Même s’il s’agit du quatrième long métrage de la réalisatrice franco-libanaise Danielle Arbid, ce film en partie autobiographique a la grâce, et parfois la maladresse, des commencements. Illuminé par la beauté radieuse de la jeune actrice principale, Manal Issa, dont c’est le premier rôle au cinéma, ce récit d’apprentissage jamais convenu regarde la France avec les yeux neufs d’une étrangère. Ce léger décalage insuffle à Peur de rien une énergie particulière, mêlée de culot et de naïveté, comme si le film lui-même, ignorant des codes en vigueur, pouvait du coup s’en affranchir. La première rencontre amoureuse de Lina semble ainsi tout droit sortie des pages de Nous Deux. Et un peu plus tard, Danielle Arbid, en hommage à Frank Black et à ses Pixies, n’hésite pas à les faire apparaître en très visible incrustation vidéo dans une scène de concert – tant mieux pour leurs fans, comme pour ceux de Nirvana, Carte de Séjour et autres délectables musiques d’époque. L’essentiel est ailleurs : dans la saisissante vérité de quelques scènes d’anthologie, dans la tendresse qu’envoie la réalisatrice à sa propre jeunesse et à travers elle, au pays où elle a alors choisi de vivre.

Irène Berelowitch

Peur de rien
Film de Danielle Arbid (France/Liban, 2015, 2h)
Avec Manal Issa, Vincent Lacoste, Paul Hamy, Damien Chapelle