Colloques et séminaires

Poupées, ballots et écriteaux. Une enquête sur la matérialité des exodes enfantins durant les Guerres balkaniques et la Grande Guerre

Mercredi 12 février 2025 à 10h30

Dans le cadre du séminaire « L’objet comme source ? Écrire l’histoire de l’immigration au Musée », le Musée reçoit Delphine Diaz, maîtresse de conférence d’histoire contemporaine à l'Université de Reims Champagne-Ardennes, IUF.

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Rapatriés à Évian, janvier 1917
Rapatriés à Évian, janvier 1917. Photographie négative sur plaque de verre, 13 x 18 cm
Agence Rol © Gallica, Bibliothèque nationale de France. Cote : Rol, 48579

Les enfants et les adolescents ont constitué une population longtemps peu étudiée dans l’histoire des exodes de civils provoqués par les guerres du premier XXe siècle, en particulier les Guerres balkaniques (1912-1913) et la Première Guerre mondiale. Pourtant, prêter attention aux jeunes acteurs et actrices des déplacements de population s’avère indispensable, tant leur nombre était important et parfois même majoritaire (plus de la moitié des convois de civils français « rapatriés » en France libre depuis les territoires occupés par l’Allemagne via la Suisse était ainsi composée d’enfants entre 1915 et 1918).

En envisageant ces exodes juvéniles à la lumière de la culture matérielle, il s’agit de s’interroger sur les objets emportés durant le voyage qui menait le plus souvent les enfants à un exil long de plusieurs mois ou de plusieurs années.

Au-delà de la réflexion sur les « objets viatiques » (jouets, poupées, photographies atténuant l’arrachement au foyer), cette communication veut se pencher sur les mobilisations humanitaires qui passaient par l’attribution d’objets aux enfants sur les routes et dans les espace de transit et de refuge : distribution de vêtements à ces jeunes déracinés parfois décrits comme de véritables arlequins, ou collectes de jouets – aux dimensions transnationales et transatlantiques – au bénéfice de ceux qu’on appelait de plus en plus communément les « petits réfugiés ».

En plus de l’objet « viatique » et de l’objet « dont », c’est l’objet « repère et passeport » qui sera analysé : les enfants déplacés loin du regard de leurs proches se voyaient attribuer des sacs ou des écriteaux nominatifs afin d’éviter qu’ils ne se perdent – une situation pourtant courante parmi les enfants « évacués », « réfugiés » ou « rapatriés » en ces temps de conflit. En plongeant dans les archives administratives, les égo-documents et les abondantes photographies d’enfants saisis sur leur route, c’est toute la matérialité de ces exodes enfantins en temps de guerre que cette communication veut tenter de restituer.