Théâtre

Théâtre d'ombres contemporain

La migritude de Karagöz
Par Rûsen Yildiz
Musique de Pierre Blanchut

Le théâtre Karagöz est une discipline majeure du théâtre traditionnel turc depuis le XVIème siècle. Il fait appel, à l'instar de Guignol, aux émotions du spectateur. Rûsen Yildiz, montreur d'ombres contemporain, présente à la Cité une création baroque sur la migration qui mêle mémoire individuelle et collective.

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La migritude de Karagöz © Rûsen Yildiz
La migritude de Karagöz © Rûsen Yildiz

« Karagöz »

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La migritude de Karagöz © Rûsen Yildiz
La migritude de Karagöz © Rûsen Yildiz
« C’est parmi les traditions de théâtres traditionnels turcs un art majeur. Au-delà de la dextérité de l’artiste complet qu’est le montreur d’ombre, il fait appel, et ce, depuis le 16° siècle, à toutes les émotions du spectateur.

Eminemment populaire mais aussi urbain, Karagöz est un théâtre dans le théâtre : celui de la société pluriculturelle de l’Empire ottoman. Par les caractères des personnages, les situations mises en scène, les classes sociales qui s’y confrontent, la diversité de la population d’Istanbul/Constantinople, avec ses minorités, leurs costumes, leurs accents dialectaux, leurs métiers, Karagöz plantait le décor de plusieurs siècles d’histoire.

Et pourtant, c’est cette singularité qui avait vieilli et non pas sa technique ni sa verve grivoise et satirique. En Turquie, nombre d’artistes essayèrent de l’actualiser mais en tentant de moderniser sa forme.

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La migritude de Karagöz © Rûsen Yildiz
La migritude de Karagöz © Rûsen Yildiz
Les montreurs traditionnels, quant à eux, s’enracinaient dans un conservatisme frileux, tout en galvaudant un spectacle pour adulte extrêmement structuré, pour en faire un divertissement à destination des enfants. Il a fallu un jeune artiste autodidacte, fils d’une famille immigrée de Turquie en France, Rûşen Yıldız, pour que la lumière fut à nouveau sur cet écran illusoire de la réalité.

Rûşen a modifié exactement ce qui devait l’être : les situations, les histoires racontées, en les plaçant dans notre réalité du 21° siècle. Pour ce faire, sans changer la technique, la dimension des figures ou leur manipulation, mais en les améliorant et les enrichissant, il a ajouté des personnages – notamment féminins- et modifié le métier où la place sociale de certains autres. Comme par exemple, le personne du « Frenk » dans le théâtre ottoman, parfois italien, parfois levantin, vêtu à l’occidentale, et qui est devenu dans son premier spectacle, l’agent de l’administration française chargé d’accueillir Karagöz à son arrivée comme immigré en France.

Et puis Rûşen s’empare de sujets d’actualité : l’intégration, les pratiques archaïques, la structure familiale des familles transplantées, la place de l’ « autre », mais aussi de sujets d’aujourd’hui, comme l’écologie, et tout en même temps de la poésie des contes et des légendes.

Rûşen est un créateur dans tous les sens du terme. Il a redonné à Karagöz sa dimension populaire, satirique et critique. Il a fait d’une tradition en voie de disparition un théâtre actuel, un théâtre turc parlant français, c'est-à-dire métissé. Ce métissage dont il s’est lui-même construit et qui est une œuvre en soi. »

Gaye PETEK
Directrice d’Elele- Migrations et Cultures de Turquie, Membre du Haut Conseil à l’intégration, Auteur d’une recherche et d’articles sur le théâtre traditionnel turc dans l’Encyclopaedia Universalis

Informations pratiques :

16 octobre : séance scolaire (spectacle à 10h30, atelier à 14h)
17 octobre : atelier famille à 16h
18 octobre : spectacle tout public à 16h
Auditorium / sur réservation (mail)

En savoir plus

Pour en savoir plus sur cette programmation, consultez la page Carte blanche à Elele et les Ressources autour des expositions