Les migrations

Depuis quand la France est-elle une terre d’immigration ?

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Postcard, Anonymous (photographer), Brasserie Tchèque, Paris, between 1900 and 1914
Carte postale représentant une brasserie Tchèque qui était située au 57 rue des Petites Écuries à Paris. Elle fut tenue par le restaurateur Fr. Poldene d'après la légende de la carte postale. Sur cette vue, un homme, probablement le propriétaire, se tient devant la porte de la brasserie. Sur l'une des vitrines, une inscription peinte précise la spécialité en français, "Choucroute garnie/A toute heure/cuisine bourgeoise/Demi-blonde 45 . Demi-brune 50/Bock 30", avec la traduction en tchèque suivante : "Wierner Kúrche/Ceská Kuchynè ».
Carte postale, Anonyme (photographe), Brasserie Tchèque, Paris, entre 1900 et 1914, Musée national de l'histoire de l’immigration, Inv 2012.58.1 © EPPPD-MNHI

Les différentes vagues d’immigration

La France est le plus ancien pays d’immigration en Europe. Dès la seconde moitié du XIXe siècle une immigration de masse est venue combler les pénuries de main-d’œuvre.
D’abord frontalière (allemande, belge), elle s’est diversifiée à la fin du XIXe siècle, et plus encore après la Première Guerre mondiale, pour répondre aux besoins de reconstruction du pays. Les immigrations italienne (communauté la plus nombreuse en 1930) et polonaise ont largement contribué à alimenter les secteurs de la mine, du bâtiment et de l’industrie sidérurgique et métallurgique.
Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, le paysage migratoire s’est diversifié car l’immigration italienne, moins importante que prévue, a été remplacée par une immigration espagnole, portugaise, yougoslave, turque, tunisienne, marocaine et, enfin, originaire des pays subsahariens. L’immigration algérienne, quant à elle, est bien plus ancienne puisqu’elle a commencé dès la fin du XIXe siècle.
L’arrêt de l’immigration de travail salarié décidé par l’État en 1974 a accéléré le regroupement familial des non-Européens, peu nombreux à retourner dans leurs pays alors que les Européens bénéficiaient progressivement de la liberté de circulation, d’installation et de travail.

Une (lente) diversification des pays d’origine

Aujourd’hui le paysage migratoire s’est diversifié en raison également de l’arrivée de demandeurs d’asile en provenance d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique, mais aussi d’Europe et du Proche-Orient. De nouvelles migrations (chinoise, indienne, pakistanaise) se développent, comme celles en provenance de l’Est de l’Europe : immigrés qualifiés roumains et bulgares, réfugiés tchétchènes et migrants de transit venus de l’ex-Yougoslavie et de Roumanie – essentiellement des Roms.
Pour autant, le temps long de l’histoire des migrations comme celui de l’empire colonial impriment encore leurs marques sur les données statistiques : 49% des immigrés résidant en France proviennent de sept pays : Algérie (12,7 %), Maroc (12 %), Portugal (8,6 %), Tunisie (4,5 %), Italie (4,1 %), Turquie (3,6 %), Espagne (3,5 %).
De même 41 % des immigrés arrivés en France en 2019 sont nés en Afrique et 31,9 % sont nés en Europe. Les immigrés arrivés en France en 2019 sont plus souvent nés au Maroc (9,5 %), en Algérie (7 %), en Tunisie (4,5 %), en Italie (4,5 %), en Espagne (3,3 %), au Royaume-Uni (3,2 %), en Chine (3 %) ou en Roumanie (2,8 %).

Mustapha Harzoune, 2022