Une insertion contrastée au sein de la société française
Bien que des immigrés et réfugiés originaires de Turquie soient venus s’installer en France dans les siècles passés, c’est la convention signée en 1965 qui va organiser la migratoire de travailleurs turcs de manière officielle. Pour les Turcs eux-mêmes, cette présence temporaire s’est petit à petit muée en une installation à long terme, motivée par les perspectives de réussite scolaire de leurs enfants principalement. Gardant à l’esprit un retour possible, l’obtention de la nationalité française ne semble pas être une de leurs priorités.

Legende
Vendanges dans le Beaujolais - travailleur turc. Issu de la série Gurbet de Bruno Boudjelal, 2004
Credit
Bruno Boudjelal, Gurbert, 2004, Musée national de l’histoire de l’immigration, inv 2007.12.11 © EPPPD-MNHI, © Bruno Boudjelal/VU’
Une grande diversité de trajectoires
Durant les Trente Glorieuses, la France a besoin de main-d’œuvre pour développer son économie, notamment dans les emplois peu qualifiés. Les zones industrielles françaises qui subissent de fortes chutes démographiques représentent des destinations privilégiées pour les travailleurs turcs ainsi que les espaces ruraux. Leurs modalités d’insertion au sein de ces territoires restent cependant très diversifiées.
Une insertion démographique en rapide progrès

Jacques Brabant, Anne-Marie Sahli, Hommes & Migrations, n °1153, 1992, pp. 19-22
Les Turcs constituent la première communauté étrangère en Alsace, au nombre d’environ 24 000. Ils représentent près d’un étranger sur cinq dans la région, 15 % de la population turque résidant en France. Cette prééminence résulte d’une croissance qui se poursuit à un rythme soutenu alors que régressent les autres nationalités : ils étaient un peu plus de 10 000 en 1975, 17 500 en 1982, soit un taux de croissance de 9 % par an de 1975 à 1982 et de plus de 4 % de 1982 à 1988.
Trajets migratoires de l’Anatolie à l’Alsace

Jacques Brabant, Anne-Marie Sahli, in Hommes & Migrations, n°1153, 1992, pp. 19-22
Les Turcs constituent la première communauté étrangère en Alsace, au nombre d’environ 24 000. Ils représentent près d’un étranger sur cinq dans la région, 15 % de la population turque résidant en France. Cette prééminence résulte d’une croissance qui se poursuit à un rythme soutenu alors que régressent les autres nationalités : ils étaient un peu plus de 10 000 en 1975, 17 500 en 1982, soit un taux de croissance de 9 % par an de 1975 à 1982 et de plus de 4 % de 1982 à 1988.
Familles turques en Limousin

Alain Carof, Hommes & Migrations, n °1176, 1994, pp. 33-36
Comme toutes les régions rurales, le Limousin connaît une baisse démographique, un vieillissement de sa population et un fort exode. Sa particularité, c’est qu’une partie des terres agricoles a été reconvertie en forêts. Cette nouvelle activité a entraîné la venue d’une immigration étrangère, notamment turque. Les monographies de deux cantons, l’un dans la Creuse et l’autre en Haute-Vienne, font apparaître, pour cette communauté, des conditions d’insertion très diverses.
Les ressortissants turcs en France et l’évolution de leur projet migratoire

Gaye Petek-Şalom, Hommes & Migrations, n °1212, 1998, pp. 14-23
L’immigration turque en France, qu’elle soit due à des raisons économiques ou politiques, est extrêmement hétérogène. Turcs, Chaldéens, Kurdes, musulmans de diverses obédiences, sont les composantes de cette immigration. Certains éléments fédérateurs existent pourtant la langue turque en particulier. Les projets migratoires sont souvent différents et ne cessent d’évoluer ; en raison notamment de cette diversité.
Une insertion socio-économique partielle
Devenue une communauté étrangère importante dans certaines régions, comme Alsace, la population turque s’est rapidement développée démographiquement mais elle peine à s’intégrer pleinement dans la société française, notamment dans le monde du travail où elle est souvent reléguée à des métiers très précaires.
L’insertion résidentielle

André Levallois, Hommes & Migrations, n °1153, 1992, pp. 30-33.
Le lieu de résidence, la qualité des logements, ainsi que le type de statut d’occupation – être propriétaires ou locataires - sont des indicateurs de l’insertion sociale des familles turques. Une enquête réalisée dans la région alsacienne révèle que 91 % des ménages sont encore locataires, en majorité dans le logement social.
Une insertion économique problématique

Jacques Brabant, Hommes & Migrations, n °1153, 1992, pp. 23-29
Insérée à son arrivée en France dans des secteurs en déclin, la main-d’œuvre turque fut une des premières victimes de la crise. Or son évolution, si elle révèle indéniablement des mécanismes d’exclusion (chômage de longue durée, instabilité professionnelle), apporte aussi la preuve d’un processus d’intégration partielle et d’adaptation à l’évolution économique.
Les Turcs en milieu rural, Le cas du Limousin

Gülsen Yildirim, Hommes & migrations, n°1280, 2009, pp. 78-86
L’immigration turque présente la particularité de s’être constituée au moment de l’arrêt des flux migratoires de main-d’œuvre en France. Des spécificités locales expliquent souvent l’implantation des Turcs dans certaines régions françaises. En Limousin, ils se sont spécialisés en nombre dans la filière bois. Mais face aux crises qui frappent le secteur depuis les années quatre-vingt-dix, sans compter la tempête de 1999, les immigrés turcs ont dû assurer leur reconversion.
Terrain marchand à l’épreuve de la diversité culturelle

Bernard Dinh, Hommes & migrations, n°1280, 2009, pp. 106-107
Ancré au cœur de Paris, la rue du Faubourg Saint-Denis donne à voir un paysage commercial inédit, principalement composé de petits entrepreneurs originaires de Turquie, de Chine, des mondes indien et africain. Longtemps considéré comme le quartier turc de la capitale, il est aujourd’hui considéré comme un espace de cohabitation marchande multi-ethnique, marquant la phase d’installation et de développement de migrations installées sur notre territoire depuis deux à trois décennies. Leur offre commerciale s’est diversifiée dans un contexte de consommation globalisée.