Au musée : musique

Paris-Afrique 80’s

Le Paris culturel des années 1980 est pris d’un engouement subit pour les musiques d’Afrique. Vingt ans après l’indépendance des anciennes colonies françaises, alors que les pays lusophones viennent d’y accéder, que Bob Marley chante la naissance du nouveau Zimbabwe, le combat anticolonial se concentre sur l’Afrique du Sud. Thème alors récurrent dans les répertoires de Fela, Alpha Blondy ou autres Xalam, dont les carrières internationales s’élaborent depuis Paris. Elles sont portées par de petites structures, indépendantes des filières habituelles du show-biz, animées par des acteurs engagés en faveur de la reconnaissance culturelle de ces artistes et des droits qui devraient s’appliquer dans les territoires européens envers les populations qu’ils représentent.

Avec l’accès de la gauche française au pouvoir en 1981, l’altruisme, l’antiracisme, la solidarité ou la libération des mœurs, prônés dans les réseaux de l’underground tout au long des années 1970, peuvent enfin s’exprimer au grand jour. La libération des ondes entraîne l’émergence d’un nouvel état d’esprit dans le monde musical. Le mouvement punk anglais de 1977, au nihilisme destructeur, résultait de la frustration d’une jeune génération méprisée par l’élite ultralibérale. La scène française issue de l’underground invente le rock alternatif, avant tout francophone, et "la sono mondiale", avant tout africaine. La dynamique de ce dernier courant va marquer le marché globalisé de la musique des années 1990, donnant naissance à ce que les anglophones baptiseront "world music".

Journaliste