Cité nationale de l’histoire de l’immigration – Palais de la Porte dorée

Le projet de création d’un lieu consacré à l’histoire et aux cultures de l’immigration en France est une idée ancienne, défendue par les associations et les universitaires dès les années 90. La Cité est pensée comme une institution à vocation culturelle, sociale, pédagogique destinée à faire connaître et à faire reconnaître la place des populations immigrées dans la construction de la France. Après quelques hésitations entre le palais de Chaillot, l’hôpital Laennec, l’entrepôt des Magasins généraux à la Villette, l’ancien centre américain de Bercy et le toit de la grande Arche, c’est le Palais de la porte Dorée, pour des raisons symboliques et budgétaires, qui est choisi pour accueillir la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, officiellement lancée par Jean-Pierre Raffarin, 1er ministre, le 8 juillet 2004. L’Etablissement public de la porte Dorée - Cité nationale de l’histoire de l’immigration est créé le 1er janvier 2007.

La Cité et le Palais

La Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration s’est installée dans le Palais de la Porte Dorée, bâtiment construit à l’occasion de l’Exposition coloniale de 1931 par l’architecte Albert Laprade. Le bâtiment est fortement marqué par l’histoire, en l’occurrence l’histoire coloniale de la France. Le bâtiment en lui-même révèle, en effet, plus que tout autre lieu l’imprégnation de l’idéologie et de la culture coloniale de la France des années 1930. Cette confrontation se fait dès les abords du site qui est monumental et sobre. Il est introduit aussi par la statue de la France coloniale, autrefois placée sur les marches du Palais, qui revêt les attributs d’Athéna (bouclier, casque, lance), déesse des Arts, de l’Industrie, de la Sagesse et de la Guerre. Le bas-relief de la façade, réalisé par Alfred Janniot en pierre de poitou et s’étendant sur 1 100m, représente l’Afrique du Nord, l’Afrique sub-saharienne, l’Asie, l’Amérique, l’Océanie, les grands ports de France et montre les richesses coloniales en terme d’hommes, de ressources économiques, de faune et de flore. En écho, les fresques de la salle de fêtes, à l’intérieur du Palais, réalisées par Pierre-Henri Ducos de la Haille symbolisent sur 600 m2 les apports intellectuels et moraux de la France à ses colonies (représentés par les allégories Egalité, Fraternité, Travail, Justice. Lieu de célébration des messes coloniales, des réceptions officielles et des spectacles, cette salle a été conçue par Albert Laprade. Dans les années 30, le hall d’entrée est consacré aux indigènes des colonies. Les sculptures oscillent entre témoignage ethnographique et objet d’art à une époque où l’art colonial est en vogue dans toute l’Europe. D’autre part, de part et d'autre de l'entrée, les salons d’inspiration africaine et asiatique symbolisent la contribution intellectuelle et artistique de l'Afrique et de l'Asie à la civilisation européenne. Ils virent, respectivement, le maréchal Lyautey et Paul Reynaud, y organiser des réceptions durant l’Exposition coloniale. Le salon d’inspiration africaine est orné de fresques réalisées par Louis Bouquet et a été meublé par Jacques-Emile Ruhlmann tandis que le salon d’inspiration asiatique, meublé par Eugène Printz, possède des fresques réalisées par André et Ivanna Lemaître. Enfin, l’aquarium tropical est longtemps resté le seul aquarium parisien. Il présente une importante collection de poissons d'eau douce tropicale.
Le parti pris de l’architecte Patrick Bouchain, en charge du réaménagement de ce lieu, a été dès le début très clair : il ne s’agissait pas de masquer cet héritage mais de l’assumer pleinement. La grande fresque de la salle centrale a été conservée et aménagée de telle sorte qu’elle est directement ouverte sur le hall d’honneur. La façade arrière a été ouverte par de grandes baies laissant entrer la lumière et compléter par des terrasses d’agrément et des escaliers en bois.

Le palais : rappel historique

Depuis la création de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, il a connu une reconversion architecturale et un renversement symbolique en devenant le lieu emblématique de l’histoire et de la mémoire de l’immigration et la caisse de résonance des initiatives conduites sur tout le territoire national.
Construit à partir de 1928 pour l’Exposition coloniale internationale de 1931, on l’appelle d’abord le “musée permanent des Colonies”. L’Exposition Coloniale devait refléter la puissance coloniale de la France. Sa direction fut confiée au maréchal Hubert Lyautey. Elle accueillit plus de 33 millions de visiteurs et constitue le point d’apogée de l’histoire coloniale de la France. Le choix du bâtiment qui l’accueille répond à des impératifs précis : symboliser la domination coloniale de la France et être une vitrine des richesses de l’Empire. Par la suite, le bâtiment change plusieurs fois de nom et d’attribution : “musée des Colonies et de la France extérieure” en 1932, “musée de la France d’outre-mer” en 1935. En 1959, dans le contexte de la décolonisation et sous l’impulsion d’André Malraux, nommé ministre des Affaires culturelles, le musée est rattaché au ministère des Affaires culturelles et devient “musée des Arts africains et océaniens”. En 1990, il devient “musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie”. Avec la création du musée du Quai Branly, le musée ferme en 2003. La collection est regroupée avec celle du Musée de l’Homme au musée du Quai Branly. Le 8 juillet 2004, Jean-Pierre Raffarin annonce la création de la Cité nationale de l’Histoire de l’Immigration dans le Palais de la Porte Dorée.

En savoir plus :

À écouter, en partenariat avec l'Epra

Cette émission retrace l’histoire de la Cité, de sa préfiguration à son inauguration en novembre 2007. Réalisée à partir d’émissions de radios partenaires de l’Epra, ce montage concocté par David Rochier, propose des extraits d’interviews, de déclarations, de commentaires mais aussi d’explications sur le projet et sa concrétisation. Vous y entendrez, notamment, Jacques Toubon, Jean-Pierre Raffarin, Marie Poinsot et des ouvriers du bâtiment d’origine étrangère qui parlent du projet de construction, de la Cité et de leur rapport à la culture... La Cité y est présentée en trois dates : de la création de la mission de préfiguration présidée par Jacques Toubon (avril 2003), à l’annonce officielle du projet Cité par Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre (8 juillet 2004), jusqu’à l’ouverture au public avec la présentation de la Collection permanente (10 octobre 2007).
Les extraits ont été empruntés aux radios suivantes : RFI, Canal Sambre, Agora FM, Alternantes FM, FST.
Production : Epra

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Podcast

Programmation

Date-Horaire : samedi 19 et dimanche 20 septembre 2009
Lieu-Accès : Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, 293, avenue Daumesnil, 75012 Paris

Samedi 19 et dimanche 20 septembre 2009 de 10 h à 19h

  • Visites guidées gratuites sur le thème “Du Palais colonial à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration” le samedi et le dimanche à 11h, 15h et 16h30 (durée 1h). Pas de réservations, se présenter à l'accueil.
  • Parcours-jeux pour les enfants.
  • Diffusion de pastilles sonores et d'émissions de 20mn sur chacun des lieux sélectionnés, réalisées par l'Epra, partenaire de la Cité [www.epra.net], bornes informatiques et documentaires dédiées aux lieux de mémoire

Projections

Deux films seront présentés par Marianne Amar, responsable de la recherche à la Cité

  • Samedi 19 septembre à 16h : Nos Petites Espagnes, film de Xavier Baudouin et Ismaël Cobo, suivi d’un débat animé par Gabriel Gaso Cuenca, directeur de la Faceef, avec Raquel Costa de l'association Hogar de los Espagnoles de Saint-Denis, Mariano Otero et Gabrielle Garcia du Centre culturel de Rennes
  • Dimanche 20 septembre à 16h : Le pays où l’on ne revient jamais, film de José Vieira, débat animé par Manuel Dias, Président du Rahmi

Documentation

La médiathèque Abdelmalek Sayad sera ouverte samedi et dimanche de 13h à 19h. Dans l'espace multimédia, une sélection de documents sur les dix lieux de mémoire de l'immigration sera présentée.
Contact : 01 53 59 15 92