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Reportage pour le centre d’éducation civique des Africaines à Paris, Comment acheter ? Magasin Le Louvre, 1966, Janine Niépce
Reportage pour le centre d’éducation civique des Africaines à Paris, Comment acheter ? Magasin Le Louvre, 1966, Janine Niépce
© Musée national de l'histoire de l'immigration

Comment acheter ? Magasin Le Louvre

Reportage pour le Centre d’éducation civique des Africaines à Paris

Janine Niepce est née à Meudon en 1921. Elle est morte à Paris en 2007

Premières générations postcoloniales

La vue d’une femme africaine impliquée dans la vie économique française au cours des années 1960 est rare. La narration du passé tend à donner le sentiment que ces minorités sont issues d’un surgissement aussi récent que superficiel. Au sein des luttes sociales françaises, la contribution des personnes immigrées issues des anciennes colonies est souvent invisibilisée. Le mythe selon lequel les premières générations postcoloniales auraient adopté une posture visant à « baisser la tête » est tenace. Ces populations sont à la fois perçues comme exogènes au corps social français et comme volontairement soumises à un ordre injuste, faute d’être capables de formuler des revendications politiques audibles. En réalité, les luttes de mai 1968 ont largement été animées par les mouvements ouvriers constitués d’immigrés et les luttes des années 1970 des immigrés logés dans les foyers Sonacotra ont amplement contribué aux avancées relatives au droit au logement. Et les trop rares tentatives de réhabilitation de ces oubliés de nos luttes omettent quasi systématiquement les femmes. Pourtant, il existait dans les années 1970, au sein du Mouvement de libération des femmes, une coordination des femmes noires portées par des femmes immigrées d’Afrique comme Awa Thiam ou des citoyennes des Outremer. Dans les années 1980, de nombreuses descendantes dont les parents avaient migré ont animé les marches de 1983 et 1984 comme Djida Tazdaït ou Salika Amara. Elles étaient en première ligne lors des mobilisations de ceux que l’on a depuis appelés les « sans-papiers » à travers la voix de Madjiguène Cissé. Et plus récemment en 2017, dans le sillage du mouvement MeToo, des femmes de ménage travaillant pour le compte de la SNCF à la gare du Nord ont obtenu la condamnation de harceleurs sexuels. Aujourd’hui encore, des femmes de chambres d’hôtel mènent une lutte de longue haleine pour obtenir des conditions de travail décentes. Les femmes immigrées et leurs descendantes ont toujours pris part aux luttes ayant conduit à des avancées sociales majeures, il est temps de leur rendre justice.

Rokhaya Diallo, journaliste, autrice et réalisatrice

Ce texte est issu du portfolio "Les femmes dans les collections du Musée" publié par la revue Hommes & Migrations dans son numéro "Femmes engagées" (n°1331, octobre-décembre 2020)

En savoir plus sur Janine Niépce :

Collection : Reportage pour le centre d’éducation civique des Africaines à Paris de Janine Niépce

En savoir plus sur les migrations des femmes :

Des femmes en mouvements. Images et réalités des migrations féminines.

 

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Informations

Inventaire
2006.170.3
Type
Photographie
Date
Non renseignée
Auteur
Janine Niepce