Economie et immigration

Dans quels secteurs économiques sont employés les travailleurs immigrés ?

Depuis la deuxième moitié du XIXe siècle et jusqu’aux années 1970, les « travailleurs immigrés » ont généralement occupé des emplois peu qualifiés dans les secteurs économiques qui connaissaient des pénuries de main-d’œuvre et ont ainsi répondu aux besoins du pays : mine, textile, bâtiment, construction, industrie sidérurgique et métallurgique, automobile et, dans une moindre mesure dans le secteur agricole comme travailleurs saisonniers.
À partir des années 1970, le déclin de ces industries a entraîné des nombreux licenciements et/ou mises en préretraite qui ont particulièrement touché les travailleurs immigrés.

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Atelier de confection, Paris 10e entre 1993 et 1999
AUBERT Olivier, Atelier de confection, Paris 10e entre 1993 et 1999, Musée national de l’histoire de l’immigration, Inv 2006.308.1 © EPPPD-MNHI, Olivier Aubert

Une forte proportion de travailleurs immigrés dans les métiers les plus pénibles

En 2017, la France comptait 2,7 millions de travailleurs immigrés. Le taux d’emploi des immigrés âgés de 15 à 64 ans est de 56 %, contre 65,8 % pour le reste de la population. Ils occupent en moyenne un emploi sur dix (10,2%). Mais la part des immigrés dans l’emploi varie fortement en fonction des métiers. Selon la Dares ( 2021), les immigrés se concentrent dans des professions « liées à des contraintes physiques, des limitations physiques, des contraintes de rythme, du travail répétitif, des périodes de travail en dehors des plages de travail habituelles et un morcellement des journées de travail, ainsi que dans les professions en tension, c’est-à-dire les métiers rencontrant des difficultés de recrutement par manque de main-d’œuvre disponible ». Et le rapport de résumer : « Plus les conditions de travail sont difficiles et plus la tension de recrutement est élevée, plus forte est la probabilité que l’emploi soit occupé par un immigré ».

Ainsi, les personnes immigrées représentent en France 38,8 % des employés de maison, 28,4 % des agents de gardiennage et de sécurité, 27 % des ouvriers non qualifiés du BTP, 24,8 % des ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment, 24,1% des professionnels de la politique et du clergé ou encore 22 % des cuisiniers, 19,3% des employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration 19,3% des ouvriers qualifiés des travaux publics, 17,4% des agents d'entretien et 16,9% des patrons et cadres d'hôtels, cafés.

Les métiers exercés par les immigrés varient fortement selon le pays de naissance. L’origine géographique des travailleurs immigrés est aussi source de disparités. Ainsi, les Portugais occupent en France 14 % des postes d’employés de maison et 8,1 % des ouvriers qualifiés du BTP, alors qu’ils représentent 12 % des travailleurs immigrés. Les Algériens, eux, représentent 5,9 % des agents de gardiennage. Les travailleurs nés en Asie occupent 7,7 % des emplois de cuisinier. « Les professions des immigrés en provenance d’Afrique et d’Asie sont les plus concentrées et les plus différenciées des non-immigrés » indique la Dares.

Dans les familles professionnelles où les immigrés sont surreprésentés, cinq immigrés sur dix sont ouvriers ou employés non qualifiés ; trois sur dix sont ouvriers ou employés qualifiés ; deux sur dix occupent des postes plus qualifiés, de niveau profession intermédiaire, indépendante, libérale ou cadre (ingénieurs informatiques, personnels d’études et de recherche ou des médecins ou assimilés).

Mustapha Harzoune, 2022

Source :

  • Insee, recensement de la population 2017 ; traitements : Dares et Dares-Analyses, quels sont les métiers des immigrés, n°36, juillet 2021