Les podcasts de L’UniverCité – saison 2012-2013

Un cycle de conférences qui interroge l'histoire de l'immigration et la confronte aux débats de notre temps.

Vous trouverez sur cette page les podcasts des conférences de la saison 2012-2013 de L'UniverCité. Pour en savoir plus sur L’UniverCité, consultez la page du site consacrée à la programmation

Le temps des pionniers. Les ouvriers britanniques en France, 1815-1848

Conférence de Fabrice Bensimon, Université Paris 4-Sorbonne, animée par Marianne Amar , responsable de la recherche, Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Jeudi 16 Mai 2013, 18:30

Au cours du premier XIXe siècle, au temps de la Révolution industrielle, des milliers d’ouvriers britanniques arrivent en France. Ouvriers qualifiés, ils viennent vendre un savoir-faire demandé de ce côté de la Manche : des tullistes et dentelliers du Nottinghamshire s’installent dans la région de Calais ; des ouvriers du lin venus d’Ecosse et d’Ulster choisissent la Picardie, la Normandie et la Bretagne ; les puddlers – ouvriers de la fonte – quittent le pays de Galles pour travailler dans les forges. Dans les années 1840, des milliers de terrassiers, de maçons, de mécaniciens des chemins de fer viennent participer à la construction ferroviaire, comme pour la ligne Paris-Rouen-Le Havre, la première à relier Paris à la mer.
Pionniers des migrations de masse de l’ère industrielle, leur histoire reste encore mal connue. Combien étaient-ils ? Quels itinéraires ont-ils empruntés, depuis les îles Britanniques ? Pour qui travaillaient-ils et dans quelles conditions ? La conférence interrogera également leurs activités associatives, syndicales et politiques, leurs relations avec les populations locales et les « transferts » culturels qui peuvent leur être attribués. En s’appuyant sur des sources variées – rapports parlementaires, enquêtes industrielles, archives locales et d’entreprise, correspondances consulaires, presse, autobiographies – la conférence dessinera les contours d’une migration pionnière et réfléchira à leur postérité dans l’histoire de l’immigration en France.

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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Le temps des pionniers, Les ouvriers britanniques en France, 1815-1848
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Migrations clandestines oubliées. Les réseaux migratoires clandestins de la Péninsule ibérique vers la France, 1945-1974

Conférence de Victor Pereira, Université de Pau et des Pays de l’Adour, animée par Marianne Amar, responsable de la recherche, Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Jeudi 11 avril 2013 à 18h30

De nos jours, la figure du sans-papier renvoie aux migrants venant d’Afrique ou d’Asie. Pour échapper aux guerres, aux persécutions, à la misère, à un avenir fermé, pour aider leur famille ou accéder à des biens de consommations modernes, ces migrants africains ou asiatiques sont contraints d’employer des réseaux de passeurs, acteurs incontournables pour entrer dans l’espace européen. Ces entrées illégales sont devenues des enjeux majeurs des débats politiques contemporains.
Or, les migrations clandestines n’ont pas toujours été ainsi politisées et elles ont parfois été favorisées par les autorités françaises. C’est le cas des migrations irrégulières espagnoles et surtout portugaises entre 1945 et 1974, migrations qui se développèrent sous les régimes dictatoriaux de Franco et de Salazar. Une grande partie des Portugais et des Espagnols est entrée irrégulièrement en France, employant des réseaux de rabatteurs et de passeurs plus ou moins organisés. Dans les années 1960 surtout, ces venues clandestines ont été tolérées par les autorités françaises : il fallait à la fois réduire l’immigration extra-européenne en général et l’algérienne en particulier, et faire face à la concurrence d’autres États d’immigration. Cette tolérance a nourri la croissance des flux clandestins : ceux qui partaient savaient qu’ils pourraient plus tard régulariser leur situation et rembourser leurs dettes.
La conférence étudiera les principales modalités et les routes de ces migrations clandestines ibériques qui se sont dirigées vers la France. Elle se penchera sur les figures du clandestin et du rabatteur. Enfin, elle montrera que ces mobilités clandestines ne peuvent se réduire à un échec des États, de départ et d’arrivée. Leur gestion des migrations clandestines apparaît, en effet, souvent frappée du sceau de l’ambiguïté.

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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L'UniverCité : Migrations clandestines oubliées. Jeudi 11 Avril 2013, 18h30
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Le front éditorial contre la guerre d'Algérie

Conférence de Julien Hage, Université de Bourgogne, Dijon, animée par Marianne Amar, responsable de la recherche à la Cité - Jeudi 21 Mars 2013

“Pour moi, Française métropolitaine, en 1957, la violence du colonialisme, la violence de guerre, c’est d’abord un « savoir » : c’est dans les livres et les journaux que j’ai compris la violence de la colonisation.”
Hélène Cuénat, La Porte verte, 2001.
Lors de la guerre d’Algérie, la censure frappe du sceau du silence la grande presse et les quelques revues courageuses qui osent montrer sans fard le conflit en cours, mettre en cause le recours généralisé à la torture et dénoncer l’avènement d’un État d’exception en métropole.
Une poignée d’éditeurs, au relais des éditions de Minuit de Jérôme Lindon, forme un front éditorial aussi fragile que résolu contre la « guerre qui ne disait pas son nom » : les éditions de la Cité à Lausanne, les éditions Maspero, la « Petite bibliothèque républicaine » de François Monod au sein des Éditeurs Français Réunis, Pierre-Jean Oswald ou encore les éditions Feltrinelli à Milan. Relayant les efforts des comités d’intellectuels, des groupes d’insoumis et de déserteurs, en lien avec les réseaux de « porteurs de valises », ils font écho aux quelques périodiques voués à faire éclater la vérité sur les horreurs du conflit, Témoignages et Documents, Vérité-Liberté et Vérités Pour, l’organe du réseau Jeanson.
De grandes figures et des textes retentissants se dégagent de ce combat : Henri Alleg et La Question (1958), Frantz Fanon et Les Damnés de la terre (1961), tandis que, dans une France en crise profonde, une alternative politique et morale à la poursuite de la guerre se manifeste dans le combat pour la reconnaissance du droit à l’insoumission.

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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Le front éditorial contre la guerre d'Algérie
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Portraits d'immigrés. Les enquêtes de l'Ined dans la France d'après guerre, 1945-1953

Conférence de Lionel Kesztenbaum, chercheur à l'Institut national des études démographiques, animée par Marianne Amar, responsable de la recherche à la Cité. Jeudi 21 février 2013.

Les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale occupent une place singulière dans l’histoire des migrations en France. Situées entre deux séquences d’arrivées massives de migrants (les décennies 1920 et 1960), elles apparaissent comme une période de transition, qui voit notamment l’émergence de l’immigration coloniale, avec en toile de fond le climat très patriotique de la Libération. L’après-guerre marque aussi un relatif désintérêt pour le sujet qui disparaît des préoccupations courantes des Français : aujourd’hui encore, ces années restent peu étudiées par les historiens. Pourtant, elles occupent une place centrale dans la construction d’une interrogation politique et scientifique sur l’immigration.
Les enquêtes publiées par l’Institut national d’études démographiques (Ined) en 1953 et 1954 sous le titre Français et Immigrés constituent une des rares sources sur la situation des immigrés dans la France des années 1940-1950. Mais elles sont également un témoignage de ce qu’a été l’appréhension des populations immigrées, à travers leur construction comme objet scientifique. L’histoire de ces enquêtes et de leur conception permet donc de comprendre comment, concrètement, s’est opéré un discours de différenciation des immigrés selon leur origine – Européens ou Algériens.
Cette conférence s’attache à étudier les fondements de ces enquêtes et à en explorer les origines, afin de préciser la portée de leurs résultats. Produits de leur temps, dans les questionnements comme dans les protocoles, ces enquêtes n’en restent pas moins un témoignage important pour comprendre les migrations dans une période peu connue mais décisive.

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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L'UniverCité : Portraits d'immigrés. Les enquêtes de l'Ined dans la France d'après guerre, 1945-1953.
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Mémoires algériennes

Conférence de Benjamin Stora, professeur à l’Université Paris XIII - 11 octobre 2012

Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, la question n’est plus celle du noir de l’occultation, mais du retour en pleine lumière, de la mise en scène des formes d’écriture et de représentation de la guerre. À côté des ouvrages de mémoires d’acteurs engagés dans le conflit, existent désormais les récits d’historiens qui racontent, sans complaisance ni désir moralisateur, les dernières années de la colonisation et de la guerre d’Algérie, entre 1945 et 1962. De nombreux films documentaires, des expositions, des ouvrages s’avancent en rangs serrés pour raconter cette période. Au témoignage de l’acteur qui poursuit son combat ou le légitime a posteriori, se substituent progressivement les travaux "à distance", de synthèse. Les retours de mémoires autour de l’histoire de l’immigration algérienne en France a fait également retour dans l’espace public, notamment à propos de la nuit sanglante du 17 octobre 1961. La conférence dressera le bilan des productions littéraires et visuelles de toutes sortes pour s’interroger sur la persistance des mémoires blessées autour d’une guerre finie depuis cinquante ans.

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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Mémoires algériennes
Mémoires algériennes, conférence de Benjamin Stora, professeur à l’Université Paris XIII, 11 octobre 2012
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