Chronique cinéma

Jaffa

Film israélien de Keren Yedaya

Depuis Mon trésor, son premier long métrage (2003), Keren Yedaya revendique un cinéma populaire et militant aux orientations résolument féministes. Avec Jaffa, sa deuxième fiction romanesque, elle confirme ses choix. Dans la forme narrative tout d’abord. Fidèle au cinéma égyptien que projetait généreusement la télévision de son enfance, elle ne craint pas de s’emparer des schémas traditionnels du mélodrame pour développer son propos, avec la certitude d’y intéresser un plus vaste public. Les querelles intestines au sein d’une même famille autour des statuts si hiérarchisés des hommes et des femmes, des garçons et des filles. Les amours impossibles et autres mésalliances pour incompatibilité d’origine, de fortune, de classe sociale, de religion. Arabes et Juifs, Palestiniens et Israéliens, reformulant les griefs des Armagnacs et des Bourguignons, des Guelfes et des Gibelins… Le crime impardonnable de l’innocent et le châtiment du provocateur. L’enfant de la honte et puis le temps qui fait son deuil.