Chronique cinéma

Rome plutôt que vous

Film algérien de Tariq Teguia (2007)

La première réaction est de surprise : comment un jeune auteur inconnu – en tous cas débutant : il n’a réalisé jusqu’ici que quatre courts métrages aux titres sybillins : La Clôture, en 2002, Ferrailles d’attente, en 1998, Le chien, en 1996, Kech Mouvement, en 1992 – peut-il faire preuve d’une telle maturité, opérer un tel bouleversement des codes, oser un tel décalage idéologique, dans un pays qui n’admet pas la contestation et préfère imposer le silence ? Quoi qu’il en soit, le film existe après des années de préparation et de réalisation difficiles. Il sort sur les écrans et nous le recevons avec un mélange d’admiration, de stupéfaction... et d’abattement. On est loin de la satire amusée, rarement virulente – et néanmoins courageuse dans un contexte conformiste et répressif – d’un Merzak Allouache ou d’un Nadir Moknèche. Ici le fond et la forme s’accordent pour bouleverser les représentations, les prudences et les paresses. L’auteur polyvalent a fait des études d’arts plastiques, de photographie et... de philosophie. Quant à sa culture cinématographique et à sa maîtrise de l’image et du mouvement, on voit très vite ce que la ballade désespérée de Zina – Samira Kaddour – et Kamel – Rachid Amrani – doit à Godard et à Cassavetes. Toutes les raisons sont bonnes pour quitter Alger et ses vacuités impatientes, intercaler la soudaineté des événements dans les lenteurs du quotidien. La monotonie du boulot pour ceux qui en ont un. L’endémie du chômage. La frénésie et l’arrogance des affairistes. Les combines de survie minables. L’eau qui n’arrive pas au robinet pour le “caoua” du matin. Les allumettes qui n’arrivent pas à s’enflammer. Les cigarettes chèrement payées à l’unité au fraudeur ambulant. Les articulations qu’on fait craquer pour éviter l’ankylose du corps comme de l’esprit. La première réaction est de surprise : comment un jeune auteur inconnu – en tous cas débutant : il n’a réalisé jusqu’ici que quatre courts métrages aux titres sybillins : La Clôture, en 2002, Ferrailles d’attente, en 1998, Le chien, en 1996, Kech Mouvement, en 1992 – peut-il faire preuve d’une telle maturité, opérer un tel bouleversement des codes, oser un tel décalage idéologique, dans un pays qui n’admet pas la contestation et préfère imposer le silence ? Quoi qu’il en soit, le film existe après des années de préparation et de réalisation difficiles. Il sort sur les écrans et nous le recevons avec un mélange d’admiration, de stupéfaction... et d’abattement. On est loin de la satire amusée, rarement virulente – et néanmoins courageuse dans un contexte conformiste et répressif – d’un Merzak Allouache ou d’un Nadir Moknèche. Ici le fond et la forme s’accordent pour bouleverser les représentations, les prudences et les paresses. L’auteur polyvalent a fait des études d’arts plastiques, de photographie et... de philosophie. Quant à sa culture cinématographique et à sa maîtrise de l’image et du mouvement, on voit très vite ce que la ballade désespérée de Zina – Samira Kaddour – et Kamel – Rachid Amrani – doit à Godard et à Cassavetes. Toutes les raisons sont bonnes pour quitter Alger et ses vacuités impatientes, intercaler la soudaineté des événements dans les lenteurs du quotidien. La monotonie du boulot pour ceux qui en ont un. L’endémie du chômage. La frénésie et l’arrogance des affairistes. Les combines de survie minables. L’eau qui n’arrive pas au robinet pour le “caoua” du matin. Les allumettes qui n’arrivent pas à s’enflammer. Les cigarettes chèrement payées à l’unité au fraudeur ambulant. Les articulations qu’on fait craquer pour éviter l’ankylose du corps comme de l’esprit.