Les mots

Qu’est-ce qu’un réfugié ?

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Certificate issued by OFPRA to Victor-Hugo Iturra Andaur, Chilean refugee © Collection particulière Victor-Hugo Iturra Andaur, Atelier du bruit
Certificat délivré par l'OFPRA à M. Victor-Hugo Iturra Andaur, réfigué chilien © Collection particulière Victor-Hugo Iturra Andaur, Atelier du bruit

Un statut récemment codifié

C’est en 1793 que la France révolutionnaire déclare dans sa nouvelle constitution (jamais appliquée) que le peuple français "donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté. - Il le refuse aux tyrans".
La Convention de Genève du 28 juillet 1951 définit le réfugié comme étant la personne qui craint "avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques" en cas de retour dans son pays. Un réfugié est donc une personne qui a demandé l’asile dans un pays étranger et qui s’est vu reconnaître la qualité de réfugié. En France, c’est l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) qui instruit les demandes d’asile et reconnait le cas échéant la qualité de réfugié. Une carte de résident portant la mention « réfugié », valable dix ans et renouvelable de plein droit, est alors délivrée. 
La Convention de Genève prévoyait des réserves temporelles ("les événements survenus avant le 1er janvier 1951") et spatiales ("en Europe") à son application. Celles-ci ont été levées par le protocole de New York, ratifié par la France en 1971. Jusqu’à cette date, les personnes reconnues réfugiées en France provenaient donc de pays européens. Avec la levée des réserves, les ressortissants d’autres pays ont pu prétendre à la qualité de réfugié. Les réfugiés placés sous la protection de la France ne peuvent retourner dans leur pays :
Le statut de réfugié n’est pas permanent. Les réfugiés peuvent :

a) renoncer à leur qualité s’ils estiment ne plus avoir de craintes dans leur pays et devenir résidents étrangers comme les autres en France ;

b) se voir retirer le statut au terme d’une procédure de cessation (sans perte du droit de résidence en France) ;

c) être naturalisés et donc ne plus être étrangers en France.

 

Les principaux pays d’origine des réfugiés

Le nombre de premiers titres de séjour délivré pour motif de « Réfugié et apatride » s’élevait à 13 656 en 2015, 17 349 en 2016 , 21 139 en 2017, 19 245 en 2018 et, donnée provisoire, 20 314 en 2019, (Source : Agdref – DSED)
En 2019, 308 600 personnes étaient placées sous la protection de l’Ofpra. L’Asie se trouve en première place (122 993 personnes soit 39,9 % de ces personnes). Elle est suivie par l’Afrique (111 218 personnes), l’Europe (66 921 personnes) et les Amériques (5 930 personnes). 

Les réfugiés dans le monde

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (voir les données), à la fin de l’année 2020, il y avait 82,4 millions de personnes déracinées du fait de guerres, de conflits ou de persécutions. On dénombrait parmi elles 26,4 millions de réfugiés, 4,1 millions de demandeurs d’asile en attente de l’examen de leur dossier, et 48 millions de déplacés “internes” dans leur propre pays (non comptabilisés comme migrants).
 

Origines et pays d’accueil des réfugiés en 2020

En 2020, les deux tiers des réfugiés mondiaux sont originaires de seulement 5 pays : la Syrie, le Venezuela, l’Afghanistan, le Soudan du Sud et la Birmanie (en savoir plus).
La Turquie est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés (près de 4 millions), suivie de la Colombie, terre de refuge de près de 2 millions de Vénézuéliens, de l’Ouganda (1,5 million), du Pakistan (1,4 million) et de l’Allemagne (1,2 million de réfugiés). En valeur absolue, l’Allemagne est le seul pays européen à faire partie des 10 pays du monde accueillant le plus de réfugiés. (Sources : Nombre de migrants internationaux en 2020 : Nations unies ; et réfugiés fin 2019 : UNHCR). En matière d’asile, richesse et solidarité ne font pas bon ménage... Non seulement les pays les plus pauvres accueillent le plus de réfugiés en valeur absolue (4 réfugiés sur 5, soit 80 %) mais aussi comparé à la taille de leur économie.

Bons et mauvais réfugiés ?

En 2022, en l’espace de dix jours, plus d’1,5 millions d’Ukrainiens se sont précipité aux frontières ouest de leur pays chassés par l’invasion russe décidée par V. Poutine. Quasiment du jour au lendemain, l’Europe se réveillait avec un drame humanitaire en son sein. Les mobilisations et la solidarité ont été unanimes, de la Pologne à la France, dans les médias et dans les formations politiques. Le 25 février 2022 sur Europe 1, le député Modem Jean-Louis Bourlanges, déclarait que les Ukrainiens constitueraient en France une « immigration de grande qualité, dont on pourra tirer profit ». Ce à quoi le journaliste Yaël Goosz interrogeait : « Attendez, qu'on comprenne bien : il y aurait donc des réfugiés moins utiles… Parce que culturellement trop différents ? Pas chrétiens ou pas Européens ? Réflexe de voisinage pour aider d'abord celui qui nous ressemble ? Loi du mort au kilomètre, qui veut que plus l’horreur se produit loin de chez soi et plus on y est indifférent ? Comme s'il fallait dire « accueil de réfugiés » en parlant des Ukrainiens, mais « crise des migrants » si on évoque le sort des Irakiens, des Syriens ou des Afghans ! » (France Inter, le 2 mars 2022). 
De son côté, la SNCF annonçait la gratuité des transports pour les réfugiés ukrainiens. Dans la foulée, le syndicat CGT-cheminot demandait que la gratuité des transports soit élargie à l’ensemble des réfugiés, estimant qu’il n’y a pas lieu de sélectionner « les bons ou les mauvais réfugiés ».

Mustapha Harzoune, 2022