Boualem Sansal, Le français, parlons-en !
Paris, éd. du Cerf, 2024, 192 p., 19 €
Au nom d’une histoire parcourue à grandes enjambées, le toujours inventif et érudit Boualem Sansal dresse la liste des menaces qui pèsent sur la langue française : du « wesh-wesh » « à deux dinars troués » au « globish à deux pennys étoilés » ; de « l’insignifiance » à « l’ignorance » ; de l’ignorance à la bêtise ; d’une culture de « l’abandon et de la jérémiade » à la « servitude heureuse » ; de « la langue inclusive qui exclut tout, n’inclut rien » au « langage binaire de l’informatique », jusqu’au« bilinguisme élyséen à somme nulle » et, comme si cela ne suffisait pas, il ajoute : « Force pour moi est de reconnaître que la moitié de ce qui se dit dans les rues de France, le tiers de ce qui s’entend à la télévision et le quart de ce qui se lit dans les journaux, papier et électronique, n’est pas du français certifié. » Le hic, pour cet Algérien, est que la langue est « la pierre angulaire de l’édifice symbolique national, le trésor sacré du peuple, l’or potable de ses poètes, le psaume des psaumes de ses croyants ».
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