Serge Bac et le drapeau de l’Union des engagés volontaires et anciens combattants juifs
Don d'Arnold Bac
Le parcours de Serge Bac
Il est né le 13 février 1906 à Bender. Actuellement en Moldavie, cette ancienne ville russe devient roumaine, sous le nom de Tighina, à l’issue de la Première Guerre mondiale.
Enfant Serge, de son vrai nom Ovche Bâc, fréquente le "kheyder" (l’école religieuse juive) puis l’école communale.
Après le décès de son père et le départ de ses deux frères en France, Ovche décide en 1924 d’y tenter lui aussi sa chance. Expulsé une première fois, Ovche revient en France en 1928 avec de faux papiers de commerçant. Il s’établit à Paris : son prénom usuel devient « Serge » et son nom « Bac ». Il travaille alors comme ouvrier tailleur, métier appris à Tighina. En 1937, Serge épouse Zysla Finkelsztejn, polonaise juive qui exerce le métier de vendeuse. Leur fils, Abel, naît en 1938.
Lorsque la France déclare la guerre à l’Allemagne, Serge s’engage dans la Légion étrangère. Envoyé sur le front de la Somme à partir de mai 1940, son régiment doit se rendre le 6 juin. Prisonnier, Serge est alors envoyé dans un camp en Allemagne. Bien que juif, il y est protégé par la convention de Genève.
« Fait prisonnier de guerre en juin 1940, Serge est envoyé dans un camp en Allemagne, près de Furstenberg. Juste avant de partir, Serge enterre ses papiers d’identité pour ne pas que l’on découvre qu’il est juif. Finalement, avec ses camarades, ils décident de le révéler afin d’éviter de graves représailles.
Durant sa captivité, Serge appartient à un réseau de résistance interne au camp, le « Front patriotique » du stalag III B, à direction communiste, qui effectue, entre autres, divers sabotages et diffuse un journal clandestin pour combattre la propagande vichyste et nazie grâce, notamment, à l’écoute de Radio Moscou (…).
Revenant à Paris le 6 juin 1945, la concierge annonce à Serge que sa femme et son fils ne sont plus là. Ils ont été arrêtés, internés à Drancy, puis séparément déportés à Auschwitz. Pourtant il avait reçu, tout au long de sa captivité en Allemagne, des courriers provenant de sa femme. En réalité, ils provenaient de sa belle-famille qui avait réussi à survivre à Paris et qui ne voulait pas faire flancher son moral de prisonnier.
Naturalisé français en 1947, il se marie la même année avec Rose Halpern. Juive roumaine arrivée en France dans les années 1930, Rose est elle aussi veuve. Son mari, Moszek Bajer, juif polonais et résistant communiste, a été déporté. Je nais quelques mois après leur mariage. » (- Arnold Bac).
Le drapeau
Ce drapeau est l’un des plus anciens drapeaux de l’Union des engagés volontaires et anciens combattants juifs (1939-1945). À la fois tricolore et porteur de cette inscription, il témoigne d’un engagement pour la France et d’un judaïsme laïque qui repose sur un socle historique, politique, culturel et linguistique. Cette association rappelle le sang versé sur le front par les immigrés. Ovche Bâc fut de ceux-là.
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Les parcours des donateurs font l’objet d’entretiens filmés, qui sont présentés dans la Galerie et accessibles en ligne. Retrouvez-les sur cette carte
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