Les podcasts de L’UniverCité – saison 2013-2014

Un cycle de conférences qui interroge l'histoire de l'immigration et la confronte aux débats de notre temps.

Vous trouverez sur cette page les podcasts des conférences de la saison 2013-2014 de L'UniverCité. Pour en savoir plus sur L’UniverCité, consultez la page du site consacrée à la programmation

La guerre au travail, 1914-1920. Étrangers et coloniaux à l’usine et dans les champs

Conférence de Laurent Dornel, Université de Pau et des Pays de l’Adour présentée par Marianne Amar, Musée de l’histoire de l’immigration. Mardi 20 mai 2014.
Si les soldats coloniaux ont suscité une littérature scientifique assez abondante, tel n’est pas le cas des ouvriers étrangers, coloniaux et chinois. Or l’histoire de cet épisode migratoire, qui se situe à la croisée de l’histoire de l’immigration, de la colonisation, de la guerre et de l’État, présente des enjeux essentiels.
La guerre pose, pour la France, la question migratoire en des termes nouveaux. L’État, dont le rôle s’était limité à la surveillance des immigrés, devient en quelques mois un acteur majeur du processus migratoire. C’est lui qui, directement, recrute et transporte les ouvriers coloniaux et chinois, les répartit sur le territoire français, les surveille étroitement, leur affecte des emplois et impose des contrats aux employeurs privés et publics.
L’arrivée de ces milliers de travailleurs coloniaux et d’étrangers se traduit par des formes de transfert des catégories et de la domination coloniales sur le territoire métropolitain. Les autorités françaises mettent en place des structures administratives nouvelles qui institutionnalisent l'existence de deux types de main-d'œuvre pensés désormais comme radicalement distincts : d'un côté la main-d'œuvre européenne ou "blanche" (la whiteness devient ainsi une catégorie administrative), de l'autre les coloniaux ("indigènes") et les Chinois souvent désignés par leur "couleur". Avant même la fin de la guerre, les premiers sont définis comme "désirables", tandis que les seconds, racialisés, sont construits officiellement comme inassimilables et par conséquent "indésirables". La guerre marque ainsi la naissance des indésirables, motif majeur de la xénophobie et du racisme de l’entre-deux-guerres. 

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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Conférence de Laurent Dornel - L'UniverCité 2013-14
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Débat après la conférence de Laurent Dornel - L'UniverCité 2013-14
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La "promotion culturelle des immigrés", 1975-1981. Genèse d’une extension culturelle des politiques migratoires

Conférence de Sylvain Laurens, maître de conférences à l’EHESS et chercheur au centre Simmel. Il a notamment publié Une politisation feutrée : hauts fonctionnaires et immigration en France (1962-1981), Paris, Belin, 2009. La conférence sera présentée par Marianne Amar, responsable de la recherche au Musée de l'histoire de l'immigration. Mardi 8 avril 2014.
Créés en 1976, l’Office National de Promotion Culturelle des Immigrés et le CEDIM (Centre d’Etude de Documentation sur l’Immigration) sont deux structures parapubliques qui marquent, en France, le lancement d’une politique dite "de promotion culturelle" en direction des immigrés mais aussi d’une politique dite d’information auprès des "citoyens français" sur le rôle "positif" joué par les "travailleurs étrangers". Si des initiatives existaient auparavant, la création de ces deux offices constitue une première tentative des pouvoirs publics de s’adresser au grand public de façon constante sur la question de l’immigration à travers un volet dit "culturel".
Ce volet culturel de la politique d’immigration est d’ordinaire considéré comme une question secondaire et a fait l’objet de peu d’études si on les compare, par exemple, avec celles relatives à la législation régissant les entrées et le séjour. Il offre cependant, dans une perspective socio-historique, une focale privilégiée pour analyser comment les agents de l’Etat contribuent à actualiser les principes de division entre nationaux et étrangers au sein de l’espace social. En effet, cette division ne repose pas seulement sur des ressources juridiques et administratives, mais elle suppose aussi l’écriture d’une histoire officielle, immédiate, de cette opération de magie sociale à travers laquelle se pérennisent quotidiennement ces lignes de partage.

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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La "promotion culturelle des immigrés", 1975-1981
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S’engager dans l’image : migrants africains et journalistes français, des années 1960 aux années 1970

Conférence de Jean-Philippe Dedieu, IRIS-EHESS, présentée par Marianne Amar, Musée de l’histoire de l’immigration. Mardi 4 mars 2014.
Fondée sur la présentation et la lecture d’archives visuelles, pour certaines inédites, la conférence questionnera, pour la France, les conflits de représentation entre journalistes et migrants africains, dans les années 1960 et 1970. Elle soulignera les “dilemmes pratiques” rencontrés par un groupe socialement dominé, qui ne souhaitait pas médiatiser ses conditions de vie et de logement, pour ne pas être plus encore stigmatisé.
Plus largement, la conférence témoignera de la difficulté des minorités à faire respecter leur “droit à l’image” et à imposer dans les médias une représentation visuelle valorisante d’elles-mêmes. Cette interrogation traverse aussi les différentes formes d’expression culturelle, notamment les musées. À l’heure où l’Europe semble en proie à une montée particulièrement préoccupante de xénophobie, les enjeux de représentation sont plus que jamais cruciaux. Ils s’avèrent même vitaux.

Article de Jean-Philippe Dedieu à lire dans le blog de reportages photo Lens du New York Times
Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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S’engager dans l’image, Migrants africains et journalistes français, des années 1960 aux années 1970
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Des musulmans dans l’histoire de l’Europe. Repenser la Méditerranée (XVe siècle-1820)

Conférence de Jocelyne Dakhlia et Bernard Vincent, EHESS, présentée par Marianne Amar, Musée de l’histoire de l’immigration. Mardi 21 janvier 2014.
La Méditerranée retrouve une présence nouvelle dans le débat civique et dans les perspectives géopolitiques. Que l’on invoque ou que l’on récuse un “choc des civilisations”, elle figure le lieu par excellence tantôt d’une confrontation heurtée, tantôt celui d’une rencontre entre Occident et Islam. Plutôt que de continuer d’opposer deux thèses sur cette base, celle du socle écologique et culturel d’une Méditerranée unifiée, et celle de la Méditerranée frontière, au cœur d’une fracture irréductible entre l’Europe chrétienne ou judéo-chrétienne et l’Islam, nous nous intéressons aux contacts, et donc aux interrelations entre les sociétés européennes et islamiques.
La question principale, en effet, n’est pas celle de la nature paisible ou conflictuelle de ces relations, qui s’inscrivent assurément dans des contextes de guerre et de haine aussi bien que d’échange pacifique et serein. Elle réside plutôt dans la difficulté de définir les contours même des sociétés, dans un monde en mouvement où les individus comme les groupes migrent, commercent, circulent, et où, de proche en proche, les mêmes pratiques s’avèrent à l’œuvre, les mêmes idées, les mêmes valeurs...
Nous souhaitons mettre l’accent sur la banalité du rapport à d’autres sociétés, dans la paix comme dans le conflit, dans le métissage comme dans la distance, qui est l’enjeu central de cette histoire, loin de toute dramatisation de l’apprentissage de la différence, loin, aussi, de toute héroïsation du passeur ou du médiateur culturel, voire du transfuge.

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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Des musulmans dans l’histoire de l’Europe, Repenser la Méditerranée (XVe siècle-1820)
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Une France terre d'accueil. Proscrits, exilés et réfugiés, 1813-1852

Conférence de Delphine Diaz, LabEx “Écrire une histoire nouvelle de l’Europe”, Université Paris-Sorbonne, animée par Sylvie Aprile, Université de Lille III - Mardi 10 Décembre 2013
Devenue au XIXe siècle l’une des terres d’asile les plus accueillantes du continent avec la Grande-Bretagne, la France, qui avait hérité de l’époque révolutionnaire un embarrassant devoir d’asile envers les étrangers “bannis pour la cause de la liberté”, a été amenée à adapter ce principe de manière pragmatique. Du fait de sa légende révolutionnaire, mais aussi de dispositifs d’accueil plus libéraux qu’ailleurs, la France a attiré au cours de la première moitié du XIXe siècle des exilés venus de toute l’Europe, qui ont tenté de construire leur État-nation depuis l’exil, pratiquant ce “patriotisme nomade” énoncé par le président du Conseil Casimir Perier en septembre 1831.
En adoptant une perspective comparative sur l’exil étranger en France, cette conférence se propose d’abord d’envisager l’ampleur de ce phénomène, alimenté par les soubresauts connus par l’Europe du premier XIXe siècle. Centrée sur les exilés politiques qui ont été reconnus comme “réfugiés” par l’administration, la deuxième partie analysera leur devenir professionnel et leur insertion, plus ou moins pérenne, dans la société française. On se penchera enfin sur les trajectoires politiques suivies par les exilés et réfugiés étrangers en France, en éclairant tout particulièrement les expériences transnationales auxquelles ces derniers ont pris part à travers les sociabilités, formelles ou informelles, ou par l’engagement combattant aux côtés de l’opposition française.

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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Une France terre d'accueil. Proscrits, exilés et réfugiés, 1813-1852, Delphine Diaz, Conférence de L'UniverCité 2013-14
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Une science pour l’Afrique ? Panafricanisme, africanisme et négritude au XXe siècle

Conférence de Emmanuelle Sibeud, maîtresse de conférences, Université Paris 8 - Mardi 19 novembre 2013
L’idée de l’Afrique comme entité culturelle monolithique est-elle une invention coloniale ? Dans quelle mesure la “bibliothèque coloniale”, c’est-à-dire l’ensemble des savoirs pratiques et théoriques mobilisés par les pouvoirs coloniaux pour tenter de contrôler les sociétés africaines, a-t-elle modelé les représentations contemporaines de l’Afrique ? De nombreux travaux se sont attachés à répondre à ces questions dans les vingt dernières années. Ils ont tout à la fois souligné l’importance des enjeux scientifiques dans les pratiques coloniales et leur complexité. Le projet colonial, définir “une science pour l’Afrique”, était parcouru de contradictions et tiraillé entre des acteurs de statut inégal et poursuivant des objectifs divergents. Les intellectuels africains-américains et caribéens à la recherche de la part africaine de leurs identités réclamaient d’en prendre la direction et les sujets coloniaux recrutés en Afrique même comme auxiliaires scientifiques lui insufflaient leurs conceptions et leurs stratégies. Ainsi, en Afrique et hors d’Afrique, une histoire intellectuelle dense et mouvementée s’est jouée entre les pôles complémentaires du panafricanisme, de l’africanisme et de la négritude. Comment écrire cette histoire ? Qu’apporte-t-elle au débat sur la décolonisation des savoirs et des représentations dont les études postcoloniales ont bien montré qu’elle restait inachevée ?

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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Une science pour l’Afrique ? Panafricanisme, africanisme et négritude au XXe siècle, Emmanuelle Sibeud, L'UniverCité 2013-14
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Que serait la France devenue sans l’immigration ?

Conférence de François Héran, directeur de recherche, Institut national d’études démographiques (Ined), animéé par Marianne Amar - Mardi 8 Octobre 2013
De la Seconde Guerre mondiale à nos jours, la France est passée de 40 millions d’habitants à plus de soixante. L’idée circule que cet accroissement serait entièrement dû à l’immigration, comme si le baby-boom et le recul de la mortalité n’avaient pas joué. Or, on peut calculer ce que serait aujourd’hui la population de la France si l’un ou l’autre de ces facteurs avait fait défaut depuis la guerre. Il apparaît que le rôle de l’immigration dans la dynamique démographique du pays est décisif mais nullement exclusif. Il ne faut ni le minimiser ni le majorer.

On élargira ensuite le propos. La France pourrait-elle se passer de migrants ? Deux arguments de nature très différente sont souvent avancés en leur faveur. D’un côté, ils contribuent à combler les pénuries de main-d’œuvre et à corriger une pyramide des âges vieillissante. De l’autre, ils migrent essentiellement parce qu’ils en ont le droit. Alors que la pertinence de l’argument utilitariste varie selon les lieux et les époques, tout en ouvrant la question des "coûts et bénéfices" de l’immigration, l’argument juridique invoque un principe constant mais il se heurte au souverainisme des États.

Au lieu de trancher la question a priori, on examinera les faits. Entre la logique du marché et la logique des droits de l’Homme, laquelle a effectivement prévalu dans la migration vers la France depuis cinquante ans ? Pourquoi le lien entre flux migratoires et situation économique varie-t-il si fortement d’un pays à l’autre ? Pour le comprendre, on analysera l’échec des tentatives menées en France pour ajuster les flux d’entrée aux "capacités d’accueil". On reviendra en conclusion sur les deux dilemmes qui hantent toute politique migratoire : fatalisme ou volontarisme, acceptation ou déni du réel.

Repères bibliographiques autour de la conférence proposés par la Médiathèque Abdelmalek Sayad.

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UniverCité (oct 2013) : Que serait la France devenue sans l'immigration ? - François Héran
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