Article de dossier/point sur

Le Japon, un espace insulaire pluriel

Entretien avec Michaël Ferrier, professeur de littérature à l’université Chûô de Tokyo, écrivain, lauréat 2011 du prix littéraire de la Porte Dorée

Rédactrice en chef de la revue et responsable des éditions du Musée de l'histoire de l'immigration

Hommes & Migrations : Vous vivez à Tokyo depuis longtemps. Y a-t-il dans cette ville des regroupements de populations par origine, des quartiers qualifiés de migrants ? L’habitat y est-il médiocre et insalubre comme dans les “innercities” américaines ?

Mikael Ferrier : Tokyo est une énorme mégalopole, qui n’a pas de centre, comme le notait déjà Roland Barthes dans L'Empire des signes en 1970 : le centre est en effet le palais impérial avec ses jardins, dans lequel on ne peut pas entrer. J'ajoute que cette ville qui n’a pas de centre n'a pas non plus de bout, car elle s’étend sur une distance incroyable et se confond avec ses marges mêmes.