Au musée

Lettres à Ménie

15h00 sur Radio Luxembourg (RTL). Le générique égrène les premières notes de la petite cantate de Barbara ; il sera pendant quinze ans, de 1967 à 1981, le rendez-vous quotidien de très nombreuses femmes avec leur interlocutrice privilégiée : Ménie Grégoire. Combien de femmes aujourd’hui sexagénaires se souviennent d’avoir écouté le jeudi après-midi en faisant semblant de ne rien entendre, assises sagement auprès de leur mère ou de leur grand-mère, cette voix qui parlait d’un monde étrange et tu, celui de la sexualité féminine, du couple, de la contraception. Certaines ont compris bien plus tard pourquoi on les envoyait alors faire leurs devoirs, jouer dans leur chambre ou au jardin pendant une demi-heure, puis une heure à partir de 1969. Ces émissions ont troublé autant, voire plus encore, que l’irruption des radios libres le paysage radiophonique, et non pas dans le silence de la nuit mais à une heure de grande écoute. Quels rapports entre Ménie Grégoire et ses auditrices et ce numéro d’Hommes & Migrations ? Plusieurs…

historienne, professeur, Université Paris Nanterre, ISP, ICM Fellow