Champs libres

« On peut dire que les productions culturelles “font l’histoire”, mais elles la font autrement » : entretien avec Lia Brozgal

Lia Brozgal est professeure d’études françaises et francophones à l’université de Californie à Los Angeles

rédactrice en chef de la revue
Hommes & Migrations : Vous avez fait paraître l’année dernière cet ouvrage, Absent the Archive1, qui porte sur la question des représentations de la manifestation du 17 octobre 1961 et de la répression d’État qui s’en est suivie à travers différentes formes culturelles, parmi lesquelles les arts visuels. Quels sont les arts visuels concernés et sont-ils tous des productions françaises ?
Lia Brozgal : En effet, le but de mon livre Absent the Archive: Cultural Traces of a Massacre in Paris est d’interroger la représentation du massacre du 17 octobre 1961 et, par « représentation », j’entends toutes formes de littérature, de cinéma (fiction et documentaire), et de performance (théâtre, spectacles de rue, installations, musique), mais aussi des images de toutes sortes. Il existe une quantité étonnante de productions culturelles qui, de près ou de loin, rendent compte non seulement de ce qui s’est passé à Paris et dans les environs cette nuit-là, mais aussi des mécanismes qui ont véhiculé le soi-disant « oubli » de cet événement.