La sélection 2025 du Prix BD de la Porte Dorée
Lancé en 2022, le Prix BD de la Porte Dorée récompense l'auteur d'une bande dessinée écrite en français sur les thématiques des migrations, de l’exil, de la mémoire ou des identités plurielles. Retrouvez ici la présentation de la sélection pour la 4e édition du Prix BD de la Porte Dorée.
Le murmure de la mer de Hippolyte, Les Arènes (2024)

Écoutez la méditerranée, écoutez-la bien. Regardez-la, regardez-la bien. Ne percevez-vous pas, répercuté de vague en vague, le murmure ténu de milliers de vies glissant sur ces eaux bleues et limpides. Un murmure si fragile que souvent il s’éteint, avalé par les flots. À bord de l’ « Ocean Viking », le navire de sauvetage de SOS Méditerranée, on vit au quotidien avec ce murmure, ces mots portés par le vent, ces vies qui risquent tout pour la traversée. On le guette, on l’attend, on l’espère même. Car entendre le murmure, c’est pouvoir tendre la main. Sauver. Un impératif d’humanité. Quitte à se voir reprocher de « sauver trop de vies ». Pour recueillir ce murmure, Hippolyte a embarqué sur l’ « Ocean Viking ».
Dans le coeur des autres de Kamel Khélif, Le Tripode (2024)

Composé de 152 planches au format A3, Dans le cœur des autres narre la quête d’un artiste après une rupture amoureuse. Confronté au double exil de son chagrin et de son déracinement, l’homme erre entre les trois villes qui ont accueilli son histoire d’amour (Paris), le flux de sa vie (Marseille) et sa naissance (Alger). Kamel Khélif aura mis près de trois années à peindre et écrire cette œuvre majeure où, à l’instar d’autres livres antérieurs, il met en scène un personnage qui se devine comme son avatar littéraire.
Racine de Lou Lubie, Delcourt (2024)

Après Goupil ou face et Comme un oiseau dans un bocal, Lou Lubie explore un nouveau sujet de société : le cheveu afro / métissé. Entre récit de vie et enquête, une BD sur l'identité et l'acceptation de ses origines ! On n'est jamais content de ses cheveux : Rose, qui a les cheveux crépus, rêve de les avoir lisses. Pour se conformer aux normes sociales, elle sera prête à tout, quitte à gommer son identité métissée. Entre enquête de société et récit de vie, une BD riche et touchante qui parle de sexisme, de racisme, d'héritage et d'acceptation de soi.
Lebensborn de Isabelle Maroger, Bayard éditions (2024)

Un jour, Isabelle Maroger se promène avec son fils sur le ventre et elle se fait interpeller par une femme qui la complimente pour ce bel enfant blond aux yeux bleus et ajoute « ça devient rare comme race »… Un choc pour Isabelle, qui réalise qu’il est temps pour elle de raconter son histoire. Car si elle est, elle aussi, grande, blonde et aux yeux bleus, c’est parce qu’elle est à moitié norvégienne. Sa mère est née, pendant la guerre, dans un Lebensborn, ces maternités mises en place par les nazis pour produire à la chaîne de bons petits aryens.
Chroniques du grand domaine de Lili Sohn, Delcourt/Encrages (2024)

Qu'est-ce que « habiter quelque part » ? En partant de cette question, Lili Sohn enquête sur Le Grand domaine, un immeuble chargé d'Histoire, et nous offre une histoire chorale dans le Marseille d'hier et d'aujourd'hui. À travers son enquête sur Le Grand domaine, Lili Sohn développe un ouvrage sociologique qui aborde à la fois la diaspora arménienne qui a fui le génocide, la lutte pour le droit des étrangers dans les années 70. L'immeuble a vu passer des militants de mai 68, des artistes des années 80, des ateliers de confection de cuir, et qui sait peut-être même existe-t-il une rue secrète dans les sous-sols...
La belle de mai : fabrique de révolutions de Mathilde Ramadier et Elodie Durand, Futuropolis (2024)

Marseille, Hiver 1887. Plus d’un millier de femmes sont employées à la manufacture des tabacs de la rue Bleue (aujourd’hui la Friche Belle de Mai), qui produit cigares, scaferlatis et cigarettes. Malgré une récente modernisation, les conditions de vie et de travail sont rudes pour ces immigrées italiennes. Sespo, Teresa et Rosa, trois jeunes cigarettières, décident de s’organiser, sans syndicat ni expérience, pour faire spontanément une grève sur le tas après que l’une d’elles a été sévèrement sanctionnée par la direction, suspectée injustement d’avoir volé du tabac. Leur première revendication : qu’on cesse les fouilles au corps à la sortie des ateliers.
Petit à petit, il leur faut gagner l’opinion publique et la presse, trouver des locaux, tenir tête aux chefs d’atelier qui cherchent à les intimider, convaincre la direction puis le préfet, voir plus grand dans leurs revendications, vivre la solidarité… Et s’émanciper de leur condition. Tout va aller beaucoup plus vite et plus loin qu’elles l’imaginaient.
Le jury du Prix BD 2025
- Fanny Michaëlis, présidente du jury, autrice et illustratrice
- Charles Berberian, auteur et illustrateur, lauréat du Prix BD 2024
- Hélène Milano, réalisatrice et actrice
- Noam Roubah, producteur (Darjeeling)
- Jack Souvant, metteur en scène, comédie et créateur radiophonique
- Un ou une jeune bénéficiaire et membre du Book Club du pass Culture
Les précédents prix
Lors des éditions antérieures, le Prix BD de la Porte Dorée a distingué les œuvres de Kei Lam pour Les saveurs du béton (Steinkis, 2021) et de David Sala pour Le poids des héros (Casterman, 2022).
En 2024, le prix BD a été remis à Charles Berbérian pour Une éducation orientale, Casterman.