Deuxième partie : La politique de l'immigration en France

A partir de 1974, la politique d’immigration connaît un véritable tournant. La crise économique liée au premier choc pétrolier conduit le gouvernement Chirac à suspendre l’immigration vers la France et à fermer les frontières. Une véritable politique anti-immigration est alors mise en place. En 1977, Lionel Stoléru, secrétaire d’Etat chargé des travailleurs et des immigrés, instaure une "aide au retour" de 10 000 francs (le "million Stoléru"), qui est versée aux immigrés acceptant de rentrer définitivement dans leur pays d’origine. Puis, en 1980, la loi Bonnet – du nom du ministre de l’Intérieur – accroit les possibilités d’expulsion et de refoulement des étrangers. C’est notamment la "double peine" dont sont victimes les jeunes étrangers puisque, s’ils sont condamnés par la justice, ils peuvent aussi être expulsés de France.
L’élection de François Mitterrand en 1981 change la donne. Le nouveau président de la République veut présenter une autre politique vis-à-vis des immigrés. Il choisit de régulariser 130 000 étrangers en situation irrégulière, facilite le regroupement familial, supprime la loi Bonnet et l’aide au retour.

Néanmoins, cette politique généreuse connaît un revirement à partir de 1983. La montée du Front national et le retour des thématiques migratoires dans le discours politique conduisent les gouvernements Mauroy puis Fabius à durcir les contrôles et les vérifications d’identité afin de combattre l’immigration clandestine.

Les travailleurs immigrés de l’automobile font entendre leurs revendications lors des grandes grèves de Talbot et Renault en 1983 et 1984. Ils sont présentés comme des "moudjahidines" par le Premier ministre, Pierre Mauroy. Cette attitude contraste avec l’accueil très favorable fait aux jeunes issus de l’immigration qui manifestent lors de la Marche contre le racisme et pour l’égalité qui arrive le 3 décembre 1983 à Paris. Certains sont même reçus par le président de la République, François Mitterrand.

Les jeunes issus de l’immigration prennent conscience de leur importance et tentent de combattre le racisme et dénoncent les "ratonnades" dont sont victimes de nombreux étrangers notamment les Maghrébins. Parallèlement aux Marches (de 1983 et Convergence 84), ils créent de nombreuses associations qui portent leurs revendications. C’est le cas de la radio Beur FM créée par Nacer Kettane.

Depuis la fin des années 1980, la politique d’immigration des gouvernements français fluctue entre politique de régularisation – notamment pour lutter contre le travail clandestin – et politique répressive. La montée du Front national, parti politique portant des revendications clairement anti-immigrés, incite les autres partis politiques à se positionner sur ces thématiques. L’approche répressive conduit certains gouvernements à vouloir revenir sur le Code de la nationalité et le droit du sol, à imposer des mesures restrictives au regroupement familial.

En 2002, la présence de Jean-Marie Le Pen, leader du FN, au second tour de l’élection présidentielle, incite Jacques Chirac, réélu, à demander la création d’un musée national de l’histoire de l’immigration afin de présenter une autre vision de l’immigration. Cela n’empêche pas Nicolas Sarkozy, élu président de la République en 2007, de créer un ministère de l’immigration et de l’identité nationale. C’est dans cette ambiance – et avec un débat autour de tests ADN pour le regroupement familial – que la Cité nationale de l’histoire de l’immigration ouvre ses portes au public en octobre 2007. Elle porte pourtant la volonté de présenter les multiples apports de l’immigration à la société française, où un quart des habitants est issu de l’immigration.

Activité 4 : Visionner les vidéos et répondre aux questions

• Vidéo 1 : La politique d'immigration en France de 1974 à 1983 - 29 juil 1983 - 3m 15s - Fiche INA (01065)
A partir de 1974, l'immigration en France a été nettement freinée. En 1981, à son arrivée au pouvoir, la gauche lance une vaste opération de régularisation des clandestins. Mais les immigrés continuent de revendiquer l'amélioration de leurs droits.

• Vidéo 2 : L'ouverture de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration - 10 oct 2007 - 2m 10s - Fiche INA (04812)
La Cité nationale de l'histoire de l'immigration retrace les principales étapes de l'histoire de l'immigration en France et souligne les apports à la nation française de ces populations venues d'ailleurs.

 

Questions autour des vidéos :

  1. Pourquoi la politique d’immigration du gouvernement change-t-elle à partir de 1974 ? Quelles sont les mesures proposées ?
  2. Quelle est la mesure importante prise par François Mitterrand en 1981 ?
  3. Quelle mesure avait été promise mais n’a pas été mise en place ?
  4. A partir de ces deux vidéos, on s’aperçoit que des médias ou des institutions permettent de présenter une autre vision de l’immigration. En remplissant ce tableau, essayer de voir les différences

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Parcours pédago : L'histoire de l'immigration en France depuis 1945 - 4