Article de dossier/point sur

La visibilité des femmes migrantes dans l’espace public

Directrice de recherche au CNRS émérite, Institut des sciences sociales du politique (ISP), université Paris-Ouest Nanterre-La Défense

Les femmes ont toujours participé aux migrations, certes souvent minoritaires dans les flux par rapport aux hommes[1]. Cette présence féminine, pourtant statistiquement avérée, s’est dans le passé rarement traduite par une visibilité correspondante dans la recherche. En effet, la problématique “femmes et genre en migrations” est longtemps restée doublement occultée, en marge à la fois des recherches sur les migrations et de celles sur les femmes[2].

Je m’interroge à la fois sur les origines et sur la nature de la nouvelle visibilité de celles qui furent longtemps invisibles. Seraient-elles plus nombreuses ou leur profil aurait-il changé — comme semble le suggérer l’adhésion généralisée à l’idée de la “féminisation des flux” comme l’une des tendances fortes de la mondialisation ? Ou sommes-nous devenus plus sensibles à certaines formes de migrations, donc plus aptes à voir ce qui fut à l’ombre du mainstream-malestream, profitant en cela d’un long processus de “visibilisation” de la migration, des femmes et des femmes migrantes plus spécifiquement, dans la recherche et les politiques publiques ?

 

[1] Mirjana Morokvasic, “Birds of passage are also women...”, in International Migration Review, vol. 18, n° 4, 1984; Emigration und danach. Jugoslawische Frauen in Westeuropa, Frankfurt am Main, Stroemfeld & Roter Stern Verlag, 1987.

[2] Christine Catarino, Mirjana Morokvasic, “Femmes, genre, migration et mobilités”, in Revue européenne des migrations internationales, vol. 21, n° 1, 2005.