Au musée : chantiers de la recherche

1939, l’ordre et le chaos. Les réfugiés d’Espagne dans le cadre photographique

Responsable du département de la recherche Musée national de l’histoire de l’immigration.

On sait ce que fut la guerre d’Espagne : une guerre civile menée avec des fusils, des canons et des images. Pour les photographes, le conflit dura un peu plus longtemps que le fracas des armes, recouvrant de son ombre portée le passage de la frontière et l’entrée dans les camps. L’ambition n’est pas ici de révéler, classer et trier un corpus photographique exhaustif, ni de remonter un à un tous les fils des images, mais plutôt de travailler à partir de deux ensembles : les photographies largement diffusées au moment de l’événement et celles qui servent aujourd’hui de support aux retours mémoriels. Dans cette enquête visuelle qui s’arrête à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le regard ne peut se contenter d’observer l’endroit des images, ce qu’elles montrent de la frontière et des camps. Il doit aussi scruter leur envers – les signatures, les tampons, les marques de leurs circulations – et réfléchir au hors champ : l’histoire visuelle questionne toujours ce que l’on ne voit pas[1].

 

[1] Le présent article a été publié in Marie-Claude Blanc-Chaléard, Caroline Douki, Anne Dulphy et Marie-Anne Matard-Bonucci (dir.), D'Italie et d'ailleurs. Mélanges en l'honneur de Pierre Milza, postface de Serge Berstein, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, 301 p.

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