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20Daniel Spoerri

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Oeuvre de Daniel Spoerri, Marché aux puces (hommage à Giacometti), 1961
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Cartographie du parcours migratoire de D. Spoerri

Galați (Roumanie) 1930

Daniel Isaac Feinstein est né en 1930 à Galati, en Roumanie, d’une mère suisse et d’un père juif converti au protestantisme. En 1941, son père meurt en déportation et sa mère rapatrie sa famille en Suisse, reprenant le nom de Spoerri. C’est à travers la danse, puis le théâtre que Daniel Spoerri entre dans le monde de l’art, s’installant pour un an à Paris, puis à Berne et à Darmstadt où il devient premier danseur puis metteur en scène. Il s’intéresse alors à la poésie concrète et découvre les écrits de Malevitch et Moholy-Nagy. En 1956, il connaît son premier succès avec la mise en scène à Berne du Désir attrapé par la queue de Picasso.

De retour à Paris en 1959, il fonde les éditions MAT (Multiplication d’art transformable) pour produire des multiples à bas coûts avec la collaboration d’artistes proches comme Pol Bury, Soto, Jean Tinguely et en organise l’exposition. C’est en 1960 qu’il réalise ses premiers Tableaux-pièges : des situations d’objets préparés par le hasard, collées avec leur support et redressées au mur. Cette mise en valeur de la poésie du banal le rapproche du groupe des nouveaux réalistes, dont il signe le manifeste en octobre 1960. Le succès européen des expositions des éditions MAT le conduit à co-organiser en Europe les premières expositions cinétiques internationales, notamment avec son ami Tinguely, et à participer aux premières expositions proches du mouvement néo-dada Fluxus en Angleterre et en Allemagne. C’est enfin en transformant à Paris en 1963 une galerie d’art en restaurant dont les tables, non desservies, deviennent à leur tour des « tableaux-pièges » qu’il ouvre sa création à la participation festive des convives, action renouvelée dans les différentes capitales où il est présent durant les années 1960 et 1970 jusqu’à l’ouverture du restaurant Spoerri et de l’Eat Art Gallery à Düsseldorf de 1968 à 1972.

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Oeuvre de Daniel Spoerri, Marché aux puces (hommage à Giacometti), 1961
Daniel Spoerri, Marché aux puces (hommage à Giacometti), 1961. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle.
Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI. © Adagp, Paris, 2022.

Parallèlement, il poursuit par l’assemblage et le collage le « piégeage » du quotidien révélant les potentialités imaginaires des peintures de marchés aux puces, des proverbes, des déchets oubliés, des objets incongrus de toutes provenances, dont quelques-uns sont moulés en bronze. Ses capacités exceptionnelles d’inlassable organisateur et d’animateur artistique se révèlent enfin dans diverses écoles d’art européennes où il enseigne durant les années 1980 et 1990. Ouvert au public en 1997 à Seggiano (Italie), la Fondation « Il Giardino de Daniel Spoerri » ras-semble une centaine d’œuvres de plein air offertes par ses plus proches amis artistes.

Bibliographie :

  • LAKS Déborah et BERTRAND-DORLEAC Laurence, Le théâtre des objets de Daniel Spoerri, cat. exp., Nice, MAMAC, 2020.